Mémoire neuve


Dédié aux écritures contemporaines, le Théâtre des Ateliers semble avoir perdu son latin depuis que Joris Mathieu en a pris les rênes. Réduit à sa portion congrue, le texte – quand il y en a – n'est en effet pas la matière première des artistes qui passent par là ; à la croisée des arts plastiques, arts numériques et arts vivants, ils pourraient tout aussi bien faire halte dans des musées ou biennales& d'art dit "contemporain" justement.

Ainsi du collectif Iduun, qui construit avec Sól un spectacle d'images sur la notion de schizophrénie, non sans gommer son aspect tragique et médicalement assisté. Cette étrangeté prise de manière positive autorise les artistes à expérimenter des formes très différentes de projections, des plus modernes aux plus artisanales (film, incrustations captées en live et autres dérivés du praxinoscope).

Sur le plateau, ils sont trois, qui actionnent à vue leurs outils (une roue de vélo fonctionnant avec un archet, des cloches, des pédales déclenchant des boucles musicales…), sans pour autant faire étalage de technologie – l'ordinateur est même laissé en coulisses.

Dans ce petit théâtre des curiosités, dont nous avons vu la première demi-heure lors de répétitions, ils conçoivent un univers sans récit énoncé, pas facile d'accès et même assez froid. Mais au cœur de ce dispositif expérimental, c'est bien un nouveau langage qui s'invente. Á nous de l'entendre, à défaut pour l'instant de le comprendre.

Nadja Pobel

Sól
Au Théâtre des Ateliers jusqu'au vendredi 20 mars


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