Légende vivace


En faisant un peu de méta-journalisme (tout de suite les grands mots), on pourrait vous dire qu'il est difficile de ne pas parler de la venue à Lyon pour un concert quoi qu'il arrive exceptionnel du grand Ennio Morricone et que pourtant il est tout aussi compliqué d'en parler.

Comment, d'abord ? Par quel bout prendre une œuvre qui compte au bas mot quelque 500 scores ? Même sur une Une, ça ne tient pas. Et puis qui a réellement entendu TOUT Morricone ?

Et comment admettre en même temps qu'un tel géant investisse une Halle Tony Garnier – fut-ce bardé de près de deux cents musiciens et donc d'une très grande pompe – en pratiquant des prix qui interdisent a à peu près tout le monde de s'y rendre ?

Oui mais voilà, Morricone reste Morricone, soit quelque chose de l'ordre du pénétrateur d'inconscient collectif, du générateur d'images instantanées – la plupart du temps, en tout cas dans nos têtes, signées Sergio Leone, mais aussi, il ne faudrait pas l'oublier, Pasolini, Marco Bellochio, Elio Petri, les Taviani, Dino Risi, Dario Argento, Sergio Corbucci, sans compter les non Italiens Lautner, Boorman, Malick ou Fuller – par la grâce de trois notes, guère plus,

Remis il y a quelques mois de graves problèmes de santé, le maestro a donc repris à 86 ans la route de la tournée des grands ducs et promis autant de grands classiques – ceux que tout le monde attend, du moins ceux qui ont les moyens de casser leur PEL pour écouter un peu de grande musique dans de mauvaises conditions – que de surprises.

La principale étant que cette légende vivante soit à ce point une légende que comme chez John Ford, elle dépasse un peu l'entendement de la réalité. Á tout point de vue.

Stéphane Duchêne

Ennio Morricone
A la Halle Tony Garnier mercredi 18 mars


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