Pierre-Emmanuel Barré : trop con, trop bon


Pierre-Emmanuel Barré est un sale con. Il a même fait de cette autoproclamation une figure de style, sur scène comme sur France Inter et Canal Plus.

Quand le one-man-show pendule tranquillement entre stand-up, absurde absolu (Chris Esquerre) et sketches à l'ancienne (Alex Lutz), Barré a lui pris une position intenable aujourd'hui, celle du type qui dit tout ce qui lui passe par la tête, et aussi par la vôtre mais que vous n'osez pas dire, pour se soulager du pire et nous avec.

Parce qu'en l'espèce, l'humour c'est quand c'est drôle et que le reste (la méchanceté, la grossièreté, l'indécence) n'a aucune espèce d'importance. Or Barré est drôlissime, quelles que soient les horreurs qu'il raconte et qui le renvoient forcément à Desproges.

Pas tant d'ailleurs dans l'écriture, qui n'a que faire de préciosité littéraire – encore que, comme ce dernier, il soit un chroniqueur de premier ordre, y compris sur la politique, toujours anglée par derrière – que dans son usage salvateur du cynisme : «Le sale con dit-il, dit des saloperies en sachant qu'il les dit, tandis que le con tout court dit des saloperies mais ne le sait pas.»

A noter que son spectacle (à la salle Rameau le 21 mars) est gratuit pour les sosies de Michel Petrucciani ou sur présentation d'un écolo mort. Comme ça l'ambiance est posée.

Stéphane Duchêne


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