Le Petit homme

De Sudabeh Mortezai (Aut, 1h33) avec Ramasan Minkailov, Aslan Elbiev…


Le réalisme social a encore frappé : malgré son contexte plutôt inédit — l'immigration tchétchène en Autriche confrontée aux lois impitoyables des régularisations, vue à travers les yeux d'un gamin obligé de devenir le chef de sa famille — Le Petit homme s'en tient à des conventions de cinéma qui ne suffisent plus à en garantir l'authenticité.

La caméra à l'épaule sportive façon frères Dardenne — du moins à l'époque de Rosetta — qui suit comme son ombre le jeune héros, l'image blafarde et grise, le triste quotidien urbain, toute cette grammaire posant l'équation contestable "cinéma sur la pauvreté = pauvreté cinématographique", est désormais un cliché circulant d'un pays à l'autre comme n'importe quel académisme.

Subadeh Mortezai a heureusement plus d'inspiration en tant que scénariste : sa fable morale teintée de cruauté et soutenue par une vision politique acérée — là encore, les Dardenne ne sont pas loin — est habilement conduite, emmenant le spectateur vers une résolution amère et glaçante. Cela n'empêche pas Le Petit homme d'être avant tout un petit film.

Christophe Chabert


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