Le tour du monde en 60 jours

Des adieux, des retrouvailles, des rencontres : bien que moins surprenante que sa prédécesseur, la 22e édition des Nuits de Fourvière promet son lot d'émotions fortes. Benjamin Mialot


Pas de créations, peu de cautions indé, aucune réelle exclusivité : là où la programmation musicale de l'édition 2014 épatait par sa diversité et son audace, celle de 2015 a comme un parfum d'austérité.

Du phénomène Christine & the Queens à Calogero, de Ben Harper à Joan Baez en passant par Selah Sue, Véronique Sanson, Jeanne Cheral (pour un concert avec l'orchestre du CRR de Lyon), le clan Chédid, Moriarty, Charlie Winston, Iggy Pop, Robert Plant, Patti Smith (qui interprétera l'intégralité de son premier album Horses) ou Björk (dont la venue reste cependant un événement), ce ne sont pas les valeurs sures – au sens boursier de l'expression – qui manquent cette année.

Sorti d'une poignée d'auteurs avec un grand A (Dominique A, forcément, Pascal Comelade, Lambchop), c'est donc ailleurs qu'il faudra chercher un peu de fraîcheur. Au Brésil (avec la légende tropicaliste Tom Zé), en Colombie (terre semi natale de la fanfare cumbia La Chiva Gantiva), au Portugal (où António Zambujo réinvente le fado), en Tunisie (patrie d'Anouar Brahem, qui a rendu soluble le oud dans le jazz) ou encore en Italie (à la découverte de Vinicio Capossela, le Tom Waits de la Péninsule), entre autres destinations que balaiera le versant world du festival – exporté en partie au Musée des confluences.

Programme de révision

Côté arts du spectacle, hormis les événements précédemment dévoilés (les adieux de la chorégraphe Sylvie Guillem, un Bartabas aussi attrayant que Caracas et le run détonnant de Florence Foresti) et une relecture symphonique des Parapluies de Cherbourg (avec Michel Legrand et l'ONL, Nathalie Dessay, Sempé...), les Nuits seront l'occasion de réviser ses classiques : Les Femmes savantes avec Macha Makaïeff, Figaro avec la compagnie Marius (qui cette fois viendra avec ses estrades), quatre Tchekov (dont trois à la suite, à la Renaissance) avec Christian Benedetti, Carmen avec la reine du flamenco Maria Pagès et, plus surprenant, en ouverture, Le Songe d'une nuit d'été avec l'acteur Tim Robbins – également invité à chanter le blues.

Reste que c'est une fois de plus du côté du cirque (malgré la cruelle absence de chapiteau) que se profilent les plus belles soirées, avec la reprise au Radiant d'Opus, la rencontre au sommet du Quatuor Debussy et des acrobates australiens de Circa, le retour des 7 Doigts de la main (à la Maison de la danse), du nouveau cirque vietnamien (À Ố Làng Phô) et une création du duo franco-catalan Baro d'Evel qu'on nous promet aussi marquante que Pour le meilleur et pour le pire, notre coup de cœur d'il y a deux ans.

Nuits de Fourvière
Du 2 juin au 31 juillet


<< article précédent
Le Réverbère met en scène "La double vie des images"