Que de Vienne !

La programmation de Jazz à Vienne ? Du classique jamais trop classique, des habitués qui prennent le temps de se changer, des têtes d'affiches de tous ordres. Bref, Vienne tel qu'en lui même : ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Stéphane Duchêne


Après un premier vrai-faux départ sous forme d'Extra Night avec Pharrell Williams, c'est en mode pas moins happy que va débuter cette année Jazz à Vienne le 26 juin avec un week-end aux accents carnavalesques de la Nouvelle Orléans : de la légendaire figure locale Allen Toussaint au Dirty Dozen Brass Band et à la fascinante et prometteuse Leyla McCalla. En passant, on serait tenté de dire "bien sûr", par Dee Dee Bridgewater qui, après avoir gratifié Vienne de tout le spectre esthétique de la black music, revient en compagnie du New Orleans Jazz Orchestra.

Et puisqu'on en est à parler des habitués du festival – ceux dont on a l'impression qu'ils sont là même quand ils ne le sont pas, comme Jean-Jacques Milteau, Éric Bibb, Didier Lockwood ou Éric Truffaz – on ne peut faire l'économie d'un Marcus Miller qui, en compagnie de l'ONL, dirigé pour l'occasion par Damon Gupton, retourne aux sources musicales et géographiques du jazz – un projet au départ discographique baptisé Afrodeezia et première incursion de Miller chez Blue Note.

Ou d'un George Benson qui, dans un esprit similaire, se fendra d'un tribute au crooner Nat King Cole sur lequel il travaille depuis... 30 ans.

Les ambassadeurs

Au rayon célébration, c'est quasi un auto-hommage que se fait le Golden Gate Quartet à l'occasion de ses 80 ans, dont le line-up changeant – le temps faisant son œuvre – est aussi et surtout une histoire de transmission et de mutation.

Idem pour la Family Stone, l'une des deux émanations de la formation originelle, remaniée elle-aussi, qui accompagna l'extraterrestre du funk Sly Stone ; la reformation des Ambassadeurs de Salif Keita, institution malienne des années 70 ; ou encore pour ce qui pourrait bien être l'événement du festival,  la réunion de Gilberto Gil et Caetano Veloso (plus rare que son compère), pères du tropicalisme et indéfectibles amis qui s'attachent à faire infuser autant qu'à diffuser la musique brésilienne.

De retrouvailles en rencontres et expérimentations il n'y a qu'un pas franchi via le Nil par le désormais incontournable Ibrahim Maalouf et la rose anglo-égyptienne de la world music Natacha Atlas ; ou la nouvelle peau musicale d'un Tigran revenant une fois de plus métamorphosé, ici en trio lorgnant le rock progressif.

Et puisqu'on a commencé avec une "grosse tête" d'affiche, n'oublions pas Sting, reconverti musicien (alter-) mondialiste depuis quelques lustres et qui devrait faire se pâmer quelques âmes sensibles.

Jazz à Vienne
Du 26 juin au 11 juillet


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