Nous n'avons pas encore vu intégralement Discours à la nation, mais il nous apparaît nécessaire de se précipiter le voir au Théâtre de la Croix-Rousse du 8 au 11 avril pour trois raisons.

D'abord, son auteur (et metteur en scène), Ascanio Celestini, est un des plus passionnants du moment. Né en 1972, cet Italien est le chef de fil actuel du théâtre-récit initié par Dario Fo, cette façon de raconter le monde avec peu de décor et de faire du propos l'enjeu majeur d'une pièce via des acteurs transformés en porte-paroles.

En l'occurrence c'est David Murgia, co-fondateur du Raoul collectif (responsable du très inventif et fort en thème Signal du promeneur) et figure récurrente du jeune cinéma belge (Bullhead) qui s'y colle.

Il incarne ici des puissants qui se succèdent derrière un pupitre fait de cageots pour railler les «prolétaires de tous pays». Ce qu'interrogent en chœur Celestini et Murgia, c'est tout simplement la lutte des classes,  dont tous deux soutiennent l'existence,  le langage et son utilisation, sa manipulation surtout, devenant ici le nerf de ce qui est en vérité une guerre. «Dominant/dominé, ce sont des termes beaucoup plus beaux que bourreau/victime» explique l'un des protagonistes. Voilà qui est clair. Et salutaire.

Nadja Pobel


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