La passion selon Christie


Les portes du festival des Jardins mystérieux viennent tout juste de se refermer qu'un fou de paysagisme prend place à l'Opéra pour un concert unique : le chef new-yorkais William Christie.

Christie,  c'est l'élégance du geste, de l'inattendu dans la direction. On l'imagine s'occuper de son jardin à la française – en Vendée, ouvert au public en été et qui accueille des rencontres musicales très fleuries – comme d'un orchestre : du labeur, de l'amour pour les choses bien construites, un brin de folie. Mythe vivant, baroqueux incontournable, il donnera le 12 avril une leçon d'interprétation autour de deux œuvres de Haydn assez confidentielles, lui qui d'ordinaire réserve ses faveurs à Purcell et Mozart. 

D'abord la Symphonie n°49,  surnommée La Passione. D'une rare expressivité, d'une douleur infernale, l'œuvre est tendue, sombre et offre peu d'espaces pour le calme intérieur. Ensuite Les Sept dernières paroles du Christ en croix en version orchestre, rarement jouée – on connaît plutôt celle, magnifique, pour quatuor à cordes, et sa version oratorio pour chœur et orchestre. Les Sept dernières paroles du Christ en croix, c'est le cri d'un messie vacillant, le seul doute que Jésus ait jamais éprouvé : «Père, Père, pourquoi m'as tu abandonné ?». Une question théologique et terriblement humaine à laquelle Haydn apporte la plus belle des réponses et que William Christie devrait transcender.

Pascale Clavel

William Christie & l'Orchestre de l'Opéra de Lyon
A l'Opéra de Lyon dimanche 12 avril


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