Fils prodigues


«I'm electric, yes I am» yodèle Jay Buchanan, chanteur des Rival Sons, en se mettant les cordes vocales en torche sur Electric Man. Sur ce morceau qui ouvre leur dernier Great Western Walkyrie (palme, ou plutôt Stetson, voire casque à cornes du meilleur titre de l'année, au point qu'on aimerait voir le film qui va avec), il ne fait quasiment que répéter ce mantra, comme si on n'avait pas déjà pris la décharge façon taser en enclenchant la lecture du disque.

Même l'organe de Buchanan semble directement branché sur groupe électrogène. D'où ces ondulations, saturations, indurations d'un rock qui va clairement chercher son énergie du côté non pas de sa Californie natale, ce qui eut été trop facile, mais chez certaines grandes walkyries aux longs cheveux d'or (ou pas) venues, elles, de l'Est (enfin par rapport à l'Ouest), à savoir essentiellement Led Zep, Who très tardifs ou Black Sabbath : guitare onaniste en orgasme perpétuel, batterie surmultipliée et cabote, basse ronde comme une queue de pelle (y compris de pelle qu'on roule) et chant chamanique.

De temps à autre, un orgue de sorcellerie s'y raccorde, mais le fait est que le quatuor est bien installé sur les épaules de ces géants. A ceux qui seraient en quête du prochain groupe qui a inventé la roue, on priera donc de passer leur chemin. Leur roue à eux a été inventée il y a bien longtemps et, pour tout dire, on est même salement sur la jante. Mais l'avantage,  c'est que combiné avec une conduite à tombeau ouvert, cela fait des étincelles.

Stéphane Duchêne

Rival Sons
Au Kao lundi 27 avril


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