A Lapointe


Sous ses airs cabotins qui parfois ne laissent pas d'agacer – mais aussi de matérialiser un immense talent protéiforme porté sur le trop plein – Pierre Lapointe est un grand romantique et un grand triste. Punkt, son précédent album, le montrait quasiment par l'absurde. Paris Tristesse pourrait faussement apparaître comme l'antithèse de ce disque bourré d'hédonisme. Il n'en est rien. Comme le prouve la reprise de Nu devant moi qui figurait déjà sur Punkt et finit de révéler ce qu'on supposait déjà : à savoir que cet hédonisme était feint.

C'est que Paris Tristesse est un album de reprises : de grands anciens comme Aznavour, Ferré et Barbara – forcément totémiques chez les gens de la Belle Province – mais aussi d'auto-reprises en version piano-voix – comme Lapointe aime à le faire régulièrement – mettant à nu devant nous ce que contiennent réellement les chansons de ses précédents enregistrements – Seul au Piano figurait déjà le même exercice, joué sur scène à l'Epicerie Moderne mercredi 29 avril.

On peut préférer le Pierre Lapointe de l'excès ou celui de la retenue, ou bien aimer – ou détester – les deux. Quoi qu'il en soit, ce sont les deux pics du même Lapointe. Simplement, ils ne pénètrent pas la chair des chansons de la même façon.

Stéphane Duchêne


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Sourdure, un singulier Arverne