De l'école aux loisirs

La bibliothèque de la Part-Dieu consacre une exposition à l'Ecole des loisirs à l'occasion de ses 50 ans. Un bel hommage à un éditeur indépendant resté vaillant et à ses auteurs-illustrateurs, artistes à part entière. Nadja Pobel


On est d'abord frappé par la qualité des dessins, gouaches et autres collages, encadrés comme des tableaux et dont la diversité s'exprime jusque dans les croquis et ratures qui les ont précédés. Claude Ponti, Nadja et son fameux Chien bleu, Kitti Crowther, Claude Boujon… Autant d'artistes dont le travail prend une ampleur inédite, le long d'un espace déambulatoire qui agrandit judicieusement l'exposition.

C'est pour qu'un jour ces talents puissent être lus que L'École des loisirs fut fondée en 1965, à la suite des Éditions de l'école, créées pour leur part en 1922 et majoritairement scolaires. Ainsi que le montre une chronologie illustrée, l'aventure débuta par des traductions d'auteurs étrangers, en tête Sendak et ses Maximonstres et Ungerer et ses 3 brigands...

La lecture n'est alors plus uniquement le corollaire de l'enseignement. Elle devient un plaisir relevant de la sphère privée. Rapidement, des clubs de lecture (titoumax, bébémax) relaient cette nouvelle pratique et une librairie dédiée, Chantelivre, ouvre dans les locaux historiques,  rue de Sèvres à Paris.

Le bal d'anniversaire

Avec 6000 titres dont 5000 originaux, le catalogue de l'Écoles des loisirs, qui s'est enrichi au fil du temps de collections dédiées au théâtre, au roman et à la BD, est d'une densité précieuse. 

Mais si un livre est avant tout le rendu de créateurs – notamment les auteurs, auxquels la politique éditoriale de la maison donne la priorité – dont on imagine le travail artisanal grâce à la reconstitution d'un bureau, il est aussi l'aboutissement d'une chaîne de métiers plus ou moins manuels. L'exposition y consacre une salle qui suscitera peut-être des vocations chez ses jeunes visiteurs, entre deux visionnages d'extraits d'adaptation cinématographique de ces classiques.

Jean Fabre, premier directeur de cette maison qui résista à un incendie en 1990 (trois millions d'ouvrages partis en fumée) et à une polémique absurde, à la suite de la sortie (en 2004) de Jean a deux mamans d'Ophélie Texier,  se considérait comme «un chercheur de galets pour que l'enfant fasse des ricochets» ; de cette aventure fondamentale qu'est la transmission du goût de la lecture,  l'exposition conçue par la BM est l'un des plus beaux rebonds.

L'Incroyabilicieux anniversaire !
A la bibliothèque municipale de la Part-Dieu jusqu'au 29 août


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Emmanuel Mouret : «Le souci des autres et le souci de soi»