L'électro à la mode de Caen

Focus sur l'effervescente scène musicale normande, dont Superpoze est l'un des ambassadeurs les plus prometteurs.


Baignant dans son jus (de pomme) depuis que Stone & Charden ont cru bon de chanter le Débarquement avec le même détachement qu'un air de colo, la Normandie s'impose ces derniers temps comme l'un des territoires sonores les plus féconds du pays – et dont l'épicentre n'est autre que la ville natale de Superpoze, Caen.

Des Concrete Knives aux Lanskies en passant par Granville, c'est d'abord grâce à ses artisans pop que la région a fait parler d'elle. Aujourd'hui, ce sont ses producteurs de musique électronique qui, sur les traces de l'intrépide beatmaker Fulgeance et sous l'oreille bienveillante de Gilles Peterson, enfant du pays parti faire la pluie (surtout, climat océanique oblige) et le beau temps à la radio de l'autre côté de la Manche, lui valent toutes les attentions.

Ainsi de Fakear, autre vingtenaire qui revisite l'abstraction façon Warp par le prisme du sensible (et figurait au générique de la première soirée Embrace). Ainsi du duo Beataucue, dépositaire d'une novo French Touch pour le moins vigoureuse. Ainsi, également, des techno kids qui deviendront grands Baadman et Madame.

Tout un petit monde qui, s'il a choisi de renoncer à l'esprit de chapelle (Superpoze et Adrien, le clavier des Concrete, collaborent sous le nom de Kuage), porte haut celui de groupe, notamment par l'entremise de Combien Mille, collectif multimédia devenu label fondé par, on vous le donne justement en mille, Superpoze : «J'ai monté ce collectif avec des amis de l'école des beaux-arts et ça a tout de suite été très logique pour moi de sortir de la musique via cette structure. Grâce à ce mode de fonctionnement, on est moins dépendant d'aides extérieures, qu'elles soient financières ou matérielles. Quand on a les moyens de faire des choses avec ses amis, il n'y a aucune raison de le faire avec des gens qui ne le sont pas.»

Bien avisé le programmateur qui s'inscrira en vrai, ainsi que le firent nos camarades du Festival de cinéma européen des Arcs en accueillant en début d'année Superpoze, Fakear et la pièce rapportée Thylacine, jeune Angevin mu par les mêmes préoccupations mélodiques que les deux Caennais (et au générique de cette nouvelle Embrace).

Benjamin Mialot


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Superpoze : «Penser la musique en 3D»