Aller simple pour Valence


Pour qu'un spectacle se fasse, il ne suffit pas d'un bon casting, d'un bon texte et d'un bon metteur en scène. Encore faut-il que lui préside un vrai sens de l'initiative, comme cela fut le cas pour L'Odeur des planches. Il se trouve que le Centre Dramatique National de Valence n'en manque pas, courtoisie de son directeur Richard Brunel, arrivé en 2010 et reconduit pour trois années en janvier dernier.

Si au Petit Bulletin nous n'en parlons que rarement, faute d'une édition couvrant l'actualité artistique en Drôme, la Comédie de Valence n'en est pas moins incontournable. Dans la région, elle est même parfois la seule à accueillir certaines productions internationales, à l'image de You are my destiny d'Angelica Liddell et du Trauernacht mis en scène par Katie Mitchell – c'est aussi là-bas que fut donnée la première du Carmen de Dada Masilo lors de la dernière Biennale de la danse. Pour autant, ce théâtre ne prêche pas qu'aux convertis : il s'exporte dans tous genres de lieux (école, chapelle, musée...), emmenant à la rencontre d'un public nouveau des artistes de haut vol comme François Cervantès ou Simon Delétang, partis en «itinérance» cette saison.

Richard Brunel tient aussi à offrir une large part de créations (14 pour 40 spectacles en 2014/15) à des spectateurs qui ont ainsi eu la primeur de découvrir, notamment,  Le Chagrin de Caroline Guiela Nguyen, avant que la pièce ne s'installe un mois à Paris, à la Colline, et ne concourt pour le Molière de la metteur en scène d'un spectacle de théâtre public (le verdict aura été rendu le soir du bouclage de ce numéro).

Dans tous les cas, les textes contemporains priment sur les classiques, ainsi que l'ont illustré récemment les travaux de Jeanne Candel, d'Éric Massé ou de ladite Caroline Guiela Nguyen, membres, entres autres dramaturges et comédiens, du collectif artistique de la Comédie valentinoise.

Lui-même très présent, avec de grandes formes comme avec des spectacles plus intimistes, Richard Brunel signera dans un mois une lecture-spectacle du roman En finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis avec Micha Lescot au gymnase de l'ESPÉ, dans le cadre du bien-nommé festival homemade Ambivalence(s), qui a pour ambition de faire découvrir de nouvelles voix et reprendra, le 2 juin... L'Odeur des planches !

Nadja Pobel


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