King cogne


Allez donc grandir entre une mère païenne pratiquant le spiritisme à haut niveau et un père fervent chrétien (mais aussi guitariste) sans être mu par des forces contradictoires et obligatoirement schizophrènes. C'est ce qui est arrivé au natif de Seattle Thomas Jefferson Cowgill qui a fait de sa vie et de son œuvre un tout régi par des vents contraires.

D'abord, TJG est graphiste pour la marque de vêtement qu'il possède (il faut bien vivre), ensuite il est chanteur et musicien, à moins d'ailleurs que ce ne soit l'inverse. Sur ce terrain, il a atteint la grève de plusieurs territoires tous résolument sombres, pour ne pas dire dark. Le black metal avec Black Book of Earth ou le harcord avec Teen Cthulu (coucou Lovecraft).

Sous le nom de King Dude, c'est au rayon dark folk qu'il opère, alterne les cris d'orfraie mort-vivante et des ballades ésotériques évoquant la rencontre en profondeur (de voix) entre Mark Lanegan et Johnny Cash, comme avec le sublime Maria sur l'album Fear, où il croone sur fond d'arpèges angéliques,  de cordes élégiaques et de chœurs séraphiques. Inutile de dire que King Dude est "habité" comme peu de ses pairs – et habité par du monde.

Notamment par l'esprit de son idole Ritchie Valens – auteur de La Bamba tragiquement cané dans le même accident d'avion que Buddy Holly – dont on aurait presque l'impression qu'il le fait revenir de l'au-delà lorsqu'il accélère le rythme, comme pressé par une apocalypse imminente. Des Ghostriders in the Sky – classique country repris entre autre par Cash – King Dude pourrait être l'un des effrayants membres coincé dans un entre-deux valant purgatoire. Amen.

Stéphane Duchêne

King Dude
Au Sonic lundi 11 mai


<< article précédent
Gagnez votre entrée aux Asisses du roman