Le grand Depardon


On a pu parler à l'époque de Virago – soit à la fin des années 90 – comme d'un Diabologum grenoblois. Même sécheresse du propos, même radicalité – mais plus frontale, car sans doute moins encline à l'expérimentation. Ce qui fait d'Olivier Depardon, aujourd'hui en solo, un cousin de Michel Cloup ET d'Arnaud Michniak, tant le Grenoblois se situe sur le spectre musical et textuel qui sépare les deux anciens frères ennemis du groupe toulousain culte.

Cela s'entend dès Un Inventaire, le premier titre des Saisons du silence, deuxième album de Depardon. Mais contrairement aux deux précités, Depardon n'a véritablement entamé sa carrière solo que dix ans après Virago.

Entre temps, beaucoup de recul (Depardon a travaillé au Ciel, la salle de concert grenobloise), d'autres projets (Zygoma) et collaborations (Nadj, Tara King Th.) puis une envie naturellement mûrie de s'assumer seul, de porter sa voix, bien plus d'ailleurs qu'il ne le faisait avec Virago, où elle officiait toujours un peu sourdine derrière un rouleau compresseur musical – tendance que l'on ne retrouve plus que sur quelques titres comme Á jamais fait.

Pour ce deuxième album, Depardon a visiblement rajouté du câblage électrique mais lâché prise(s), se concentrant sur une approche et un son plus bruts, plus directs, sans doute suffisamment débarrassé de l'enjeu que constituait un premier album solo tardif pour en livrer sans complexe un second qui rentre davantage dans la gueule. Pour ceux qui ne l'auraient déjà fait, selon l'expression consacrée par Diabologum, Depardon est «à découvrir absolument».

Stéphane Duchêne

Olivier Depardon [+Shannon Wright]
Au Marché Gare mercredi 6 mai


<< article précédent
Jacco Gardner : l'insomaniaque