Message bien reçu


Si New York Paradis, la dernière comédie en date de Dominic Palandri, est à voir avant de mourir, ainsi que l'énonce sa tagline, L'Amour est une dure lutte (créée début 2012) en est une à laquelle il vaut mieux assister avant de s'engager dans une relation, l'image qu'elle renvoie du couple, en l'occurrence celui qu'interprètent le même Palandri et Romy Chenelat (par ailleurs co-auteurs de la pièce), étant celle d'une institution pour le moins mortifère.

Lui, bedaine en avant, est un chômeur concupiscent, sorte de Bertrand Cantat en tongs et incapable de lever le poing si ce n'est pour s'en jeter un. Elle, à l'inverse, ne pense au sexe que tous les trente-six du mois et dédie les trente-cinq jours à bavasser au téléphone avec sa mère – alors qu'elle habite l'appartement d'en face.

Leur histoire, cousue de fil blanc jusqu'à un happy end forcément temporaire, c'est Vous avez un message chez les prolos : nonobstant quelques éclairs de complicité régressive – des petits noms aux jeux maison, la pièce traduit très bien la façon dont les fulgurances affectives deviennent des habitudes embarrassantes – ils ne se supportent plus et profitent du moindre répit pour surfer sur un site de rencontres.

Rien de follement original donc. Mais l'engagement des deux intéressés et le mordant des saloperies échangées par leurs personnages, qui participent également de la noire – et peut-être bien involontaire – lucidité de l'ensemble, emportent le morceau.

L'Amour est une dure lutte
A l'Espace Gerson jusqu'au 23 mai


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