European Lab met les idées au clair

​Pas facile de discuter valeurs démocratiques et mutations urbaines entre deux marathons électro. C'est pourtant ce à quoi vous invite cette année encore l'European Lab, qui plus est en très bonne compagnie. Benjamin Mialot


L'an passé, l'European Lab avait tenu session dans la foulée d'élections marquées par une franche montée de l'euroscepticisme. Pas de bol, c'est dans un contexte pareillement défavorable, suite à la victoire écrasante du parti de David Cameron au dernier scrutin britannique, que se tiendra sa cinquième édition.

Les conférences et débats au programme du pendant citoyen de Nuits Sonores ne devraient en être que plus stimulants, d'autant que ce ne sont pas les invités de qualité qui manqueront.

Citons le chercheur danois Fabian Holt, auteur d'un ouvrage de référence sur les classifications musicales (et en quoi elles sont à la fois des grilles de lecture et des sources de confusion), Gérard Berréby, le fondateur des formidables éditions Allia, où sont publiés nombre de textes fondateurs de la contre-culture (des Mémoires de Guy Debord à Can't stop won't stop, la somme hip-hop de Jeff Chang) et la Polonaise Agata Pyzik, contributrice du Guardian et de la bible de l'avant-gardisme sonore Wire qui, dans le bien titré Poor But Sexy. Culture Clashes in Europe East and West, met au jour la richesse artistique de l'Europe de l'Est d'après la chute du mur.

Ou encore Richard Stallman, le gourou du logiciel libre et Nan Goldin, la grande prêtresse de la photographie intimiste – invitée à clore le forum au lendemain de sa performance avec les field recorders sans frontières du Soundwalk Collective, eux aussi au générique du Lab.

Le journalisme debout, le vrai

Ce sont toutefois, encourageant signe des temps, les rencontres dédiées à l'information qui s'annoncent les plus passionnantes. Trois des organes de presse les plus en forme du moment seront à l'honneur.

D'abord Mediapart, représenté par son investigateur en chef Fabrice Arfi et le toujours vaillant Edwy Plénel, qui donnera le coup d'envoi de l'événement.

Ensuite Les Jours, un tout nouveau pure player fondé par de grandes plumes de Libération – le duo télévore Garriberts, le journaliste économique Nicolas Cori ou encore le reporter politique Olivier Bertrand – et promettant de regarder de loin la course au nombre de pages vues qui régit le gros de l'offre en ligne.

Et enfin So Press, le mini-empire du wonderboy à casquette Franck Annese qui, après avoir réinventé le journalisme footballistique et la critique ciné par le prisme du storytelling, tente de réinjecter curiosité et profondeur dans la presse généraliste avec le quinzomadaire Society.

On ne sait pas vous, mais nous, nous serons aux premières loges de leurs interventions – et de celle de l'économiste Julia Cagé, auteur d'un petit essai largement commenté sur la déshérence médiatique : Sauver les médias. Capitalisme, financement participatif et démocratie. On ne sait jamais.

European Lab
Á l'Hôtel de région du mercredi 13 au vendredi 15 mai


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