Une dernière pour la route


Depuis qu'il a instauré ses "Concerts coup de cœur" voilà six ans, le Ninkasi ne se contente plus de remplir nos bouches – ainsi que l'exprime son nom, emprunté à la déesse sumérienne de la bière, car oui, il fut des civilisations encore plus fières de leurs bedaines distendues par le gaz carbonique que la nôtre. Il remplit aussi nos cœurs, de cette allégresse teintée de mélancolie que nous éprouvions jadis quand, filant sur nos scooters fraîchement débridés tel des figurants d'un clip d'Arcade Fire,  nous fuyons par la grand-route les paysages uniformes des cités-dortoirs au son des grands hymnes punk des années 90 – ceux qui, une fois adulte, vous donnent autant l'impression d'avoir raté votre vie que l'envie de la réussir.

En particulier le Golden Dream des Poitevins de Seven Hate, pièce maîtresse de Is This Glen? (1999), quatrième album de ces pionniers de l'application française du one-two-free-four à la culture skate – au même titre que les Burning Heads ou que Second Rate. Un an après la tournée de reformation de ces derniers, achevée sous les mêmes ors orgés, c'est à leur tour de mettre fin à douze ans d'absence – précédés d'une décennie de concerts désintéressés et de cinq autres beaux condensés discographiques d'impétuosité – pour un revival plein de sing-along fraternels et de riffs qui musclent les poignets plus sûrement que la consommation de pintes façon prise marteau.

A croire que Dieu existe, qu'il est une femme à la descente facile et qu'il a jeté un œil sur le web à The Last Ride, le documentaire amateur saisissant l'heureux gâchis que furent les ultimes dates du groupe en 2003.

Benjamin Mialot

Seven Hate [+ No Guts No Glory + Zero Gain]
Au Ninkasi Kafé mercredi 20 mai


<< article précédent
Kenzaburo Ôé, ou le Japon sans faux-semblants