Une histoire Degout

A l'Opéra de Lyon, le baryton Stéphane Degout se présente dans le plus simple appareil vocal. Mais quel appareil !


Dans ses listes des "Lyonnais que le monde nous envie", la presse gauloise oublie souvent de s'enorgueillir du trésor local qu'est le baryton Stéphane Degout.

Et pourtant, l'agenda du chanteur ferait pâlir un Jean-Michel Jarre : pour son récital à l'Opéra, il rentre de Chicago avant une saison 2015/16 entre Londres, Vienne, Los Angeles et Paris. Et peut se targuer d'être un artiste lyrique essentiel de notre époque.

Stéphane Degout tombe dans le chant par hasard, alors qu'il fréquente la section théâtre du lycée Saint-Exupéry. Son prof de musique remarque sa voix, l'encourage à chanter. Très vite, il est admis au Conservatoire supérieur où il boucle presto sa formation en quelques petites années. Rien ne lui résiste : admis à l'Atelier Lyrique de l'Opéra, ses qualités vocales et théâtrales lui valent de faire ses débuts au Festival d'Aix dans La Flûte Enchantée. Depuis, il fait un sans faute qui le mène à la Scala, au Metropolitan Opera, à Covent Garden. Mais le ramène toujours chez lui.

En bon lyonnais, Degout est gourmand (filez voir son compte Instagram) et réservé. Des qualités à l'œuvre dans l'exercice concentré du récital : appétit du choix des œuvres, sobriété du dispositif voix/piano. Si on peut regretter que son retour à l'Opéra ne soit pas pour un rôle scénique (quel Pelléas il aurait fait en juin !), ce programme de mélodies et lieder (signés Strauss, Fauré ou Ravel) est la formule parfaite pour apprécier ce qui rend sa voix unique : clarté du timbre, diction parfaite, élégance du phrasé.

Modène avait Pavarotti et le vinaigre balsamique. Lyon a Degout et la rosette. Qu'on se le dise !

Philippe Yves

Stéphane Degout
Á l'Opéra de Lyon dimanche 31 mai


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