TOPS of the pop


«Un simple disque de pop», voilà à quoi la bible des tendances musicales Pitchfork, numéro 1 sur la prescription (et la mauvaise foi), réduit le dernier album en date de TOPS, quatuor de Montréal hiberné en pleine nostalgie eighties.

Même s'il s'agit là d'un compliment déguisé, les choses sont un peu plus complexes que cela. Car TOPS se tient sur un fil où camperait une pop croisant, sur le quasi parodique Outside, aussi bien Julee "Twin Peaks" Cruise que Tom "Top Gun" Cruise faisant le sexe avec Kelly Mc Gillis sur fond de Take My Breath Away (le fameux Love Theme du film, signé Giorgio Moroder et minaudé par Berlin).

Ici, les synthés irradient comme la photographie en mode Tequila Sunrise de Tony Scott dans ledit film justement, mais ils enveloppent comme une atmosphère à la David Lynch. De fait, le terme "dream pop", souvent utilisé pour qualifier ce genre d'exercice planant à la rythmique léthargique, semble avoir été inventé pour TOPS.

Mais là encore, c'est un rien réducteur, car les compositions en forme de perles (ou de bulles) des Canadiens, si elles peuvent à l'occasion sonner comme du Sade (la chanteuse, pas le marquis) de college radio évoquent aussi parfois la dynamique mélodique impressionnante des trésors tout aussi datables au carbone 14 d'un Prefab Sprout où Paddy McAloon aurait cédé sa place à son double féminin, ici la blonde Jane Penny (Shy, Change of Heart).

Prouvant par là même qu'un simple disque de pop n'est jamais si simple qu'on le ne le croit. Et la simplicité, elle-même, ou l'évidence comme on voudra, la chose la plus difficile qui soit.

Stéphane Duchêne

TOPS [+ Moon King + Animali]
Au Marché Gare vendredi 5 Juin


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