Neeskens II


Á l'époque bénie du football total de la Grande Hollande de Cruyff, le milieu défensif Johan Neeskens avait pour surnom Johan II. Manière de dire qu'il passait après le maître, mais aussi qu'il évoluait en soutien du génie du triple Ballon d'or, qu'il rejoignit d'ailleurs au Barça, pour former l'un des plus redoutés tandems de l'histoire du ballon rond. Manière enfin de dire qu'il était, footballistiquement parlant, de sang royal.

C'est donc à lui que l'on pense à l'évocation du nom Neeskens, mais il existe, si ce n'est un Johan III, du moins un Neeskens II, qui lui a choisi le terrain musical pour nous faire la totale et alimenter le beau jeu.

Batave d'extraction, ce Neeskens-là – un pseudo choisi à dessein – est depuis pas mal de temps annecien et très présent dans l'entrejeu musical lyonnais. Mais voilà un type malheureusement pas reconnu à sa juste valeur qui, après des centaines de dates et un premier EP, a dû en passer par The Voice – comme la Lyonnaise Anne Sila – pour atteindre une notoriété qu'il aurait mérité d'acquérir autrement.

Sur la foi de cet album éponyme tout frais qui se suffit pourtant à lui-même, bourré de coups d'éclats folk et de mélodies d'inspiration pop arrangées comme à la parade, magnifique transposition de ce que pouvait être le jeu déployé par ses illustres compatriotes oranges d'il y a quarante ans. Comme eux, infortunés et magnifiques losers restés dans l'Histoire, comme son "homonyme", Neeskens II mérite aussi sa couronne et nul doute qu'il finira par l'obtenir.

Stéphane Duchêne

Neeskens
Au Kao jeudi 4 juin


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