Un ami qui vous veut du bien


Le deuxième EP de Your Old Droog, paru en début d'année, s'ouvre sur une routine du stand-upper Sam Kinison. Pas n'importe laquelle : «J'aime le rock'n'roll, j'aime la musique qui te latte la tronche. (…) T'as déjà vu un rappeur qui rappe sans se tenir la bite ? Ils le font tous, tu sais pourquoi ? Parce qu'ils ne savent pas jouer d'un putain d'instrument !» Et le MC new-yorkais d'ajouter l'insulte à l'injure en "name-droppant", parfois jusque dans les titres de ses morceaux, tous les groupes à (grosses) guitares qui ont marqué sa jeunesse, du Crazy Horse à Rage Against the Machine.

De quoi mettre définitivement fin au malentendu qui a cimenté le début de sa carrière : à la diffusion de ses premiers enregistrements l'an passé, tout le monde a cru à un coup marketing de Nas. Même aisance à trousser des virelangues imprononçables par le commun des rimeurs, même nostalgie de l'âge d'or (du hip-hop, mais aussi du basketball) de la East Coast, même inscription dans la grande tradition du groove afro-américain (jazz option contrebasse, soul à claviers cosmiques, funk ourlé de cuivres pimpants...).

Sauf que Your Old Droog est un beau bébé d'origine ukrainienne – son pseudo signifie «ton vieil ami» en argot anglo-russe – de même pas trente ans. Et surtout, on l'aura compris, l'un des MCs les plus doués de sa génération – et l'un des rares, par l'urgence qui sourde de ses odes au hood, à avoir toute sa place au Sonic où, à deux semaines près, il aurait pu croiser son idole Thurston Moore.

Benjamin Mialot

Your Old Droog [+ Orphée x La Jungle]
Au Sonic mercredi 10 juin


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