Le conservatoire, leur tanière

Si La Meute existe, c'est grâce au Conservatoire régional de Lyon, où les membres du collectif se sont trouvés. Le responsable et initiateur de cette formation, Philippe Sire, revient pour nous sur ce projet pédagogique peu commun.


Auréolée de son prix du public au festival du théâtre émergent Impatience en 2014, voici donc La Meute lâchée sous les lambris dorés des Célestins (qui, nous murmure-t-on, n'en sont qu'au début de leur histoire avec elle). Avant cela elle a, à l'instar du collectif Bis – aujourd'hui intégré au théâtre permanent de Gwenael Morin – ou des comédiens Thomas Rortais, Antoine Besson et Charly Marty, fait ses armes au Conservatoire "à rayonnement régional" de Lyon selon un parcours bien particulier : le cycle d'orientation professionnelle.

Situé à mi-chemin entre la pratique amateur et l'enseignement supérieur, ce COP a été initié il y a neuf ans par Philippe Sire après qu'il ait fait le constat que l'agglomération lyonnaise, et à plus forte raison la région Rhône-Alpes, recelait un fort potentiel de jeunes désireux de se former afin d'intégrer des écoles telles que l'ENSATT ou la Comédie de Saint-Étienne. Surtout, Philippe Sire a imaginé un projet pédagogique suffisamment complet pour que les élèves échouant à ces concours puissent devenir professionnels malgré tout, accordant une place importante à la dramaturgie et au fait de savoir «pourquoi on fait du théâtre,  à quels artistes se référer», bref de penser son art.

Certains membres de La Meute ont ainsi poursuivi leur formation au-delà du Conservatoire (par exemple Clément Bondu avec l'ENS, le CNSAD à Paris et l'ENSATT pour la mise en scène), tandis que d'autres en sont restés là (Florian Bardet, Thierry Jolivet, Nicolas Mollard…). Déjà avec leur spectacle de fin d'année 2010, Les Foudroyés, Philippe Sire (qui comme Laurent Brethome, lui aussi professeur,  joue parfois dans leurs pièces, notamment Italienne créée à l'été 2013), se souvient d'avoir été convaincu qu'il y avait «là quelque chose qui les mènerait loin ; ils se sont trouvés.» 

Reste maintenant à voir si l'alchimie du Conservatoire opèrera sur les petits nouveaux qui présenteront leurs travaux aux Célestins (dans la petite salle cette fois) en même temps que Belgrade.

Nadja Pobel


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