Des abstractions déchirantes


Artiste né à Lyon en 1926, ancien sérigraphe et peintre figuratif, Henri Mouvant a basculé dans l'abstraction en 1960 au travers de pastels, d'huiles, d'encres, d'acryliques, de collages, de papiers déchirés et de cartons ondulés... Ce sont ses collages de papiers déchirés qui nous avaient le plus émus lors de sa dernière exposition dans une galerie lyonnaise.

En quelques blocs de couleurs frangés, l'artiste arrache à des matériaux récupérés une puissante poésie des formes, du mouvement et de la rencontre des tonalités. La déchirure du papier imprime comme une violence sourde parmi des œuvres par ailleurs d'apparence simple et sereine. Une contradiction et une gestuelle qui rappellent ces mots de Nathalie Sarraute dans Enfance : «Je vais le déchirer... je vous en avertis ; je vais franchir le pas, sauter hors de ce monde décent, habité, tiède et doux, je vais m'en arracher, tomber, choir dans l'inhabité, dans le vide...» Nous vous invitons à franchir, sinon le pas, du moins le seuil de la galerie Jean-Louis Mandon qui expose des collages et des peintures de l'artiste jusqu'au 27 juin.

Jean-Emmanuel Denave


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