Toussaint dehors


En 2005, le terrible ouragan Katrina, outre les dégâts humains et catastrophiques qu'il a infligés à la Nouvelle Orléans, a commis un crime de lèse-majesté. Détruisant son studio et sa maison, il a mis à la porte l'une des légendes locales, pilier de la culture musicale et donc de la Culture avec un grand C d'une Big Easy qui l'était soudain beaucoup moins, easy : Allen Toussaint. Mais s'il est "aisé" d'abattre d'un coup de brise un monumental chêne Quercus Virginia, il est plus compliqué d'en effacer l'ombre tentaculaire et infinie.

Car Allen Toussaint, c'est à lui tout seul près de 60 ans de musique néo-orléanaise, l'incarnation des mélanges constitutifs de l'art musical local par sa manière de revisiter le R'n'B originel à sa sauce et sa volonté toujours farouche de mêler son talent à celui des autres, quitte à rester volontairement dans l'ombre. Sa carrière solo, pourtant brillante, n'ayant jamais été sa priorité, Toussaint a toujours pris davantage de plaisir a écrire, composer, produire pour les autres dans à peu près tous les styles imaginables, au point de devenir une référence très demandée, y compris par les géants de la pop (Macca, Costello, Joe Cocker), bien au delà des limites de La Nouvelle Orléans.

C'est pourtant bien celle-ci que Toussaint représentera lors du week-end d'ouverture d'un Jazz à Vienne soucieux, pour sa 35e édition, d'explorer ses propres racines musicales. Or, on le sait, en Louisiane, les racines vont chercher loin sous terre et sont indestructibles.

Stéphane Duchêne

Allen Toussaint
À Jazz à Vienne dimanche 28 juin


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