La saison 2015/2016 du TNG

Après dix ans de très bons et loyaux services de Nino d'Introna, le TNG, désormais fusionné avec le théâtre des Ateliers, fera en septembre sa première rentrée sous la direction de Joris Mathieu, assisté de Céline Le Roux. Détail de leur programmation, audacieuse et sensible. Nadja Pobel


Ils ne sont plus nombreux les Centres Dramatiques Nationaux à se consacrer au jeune public. Restent Strasbourg (entièrement dédié aux marionnettes) et Lyon, qui englobe désormais le théâtre des Ateliers après une transition flottante entre Gilles Chavassieux et Joris Mathieu. Conséquence de cette multiplication de plateaux, les jeunes spectateurs pourront aussi bien être conviés sur la Presqu'île que dans le 9e arrondissement, en fonction de la configuration des spectacles.

Le projet de Joris Mathieu, lorsqu'il postula au TNG, était d'«imaginer demain», place à la pratique avec un axe fort sur l'écriture numérique. «C'est la jeunesse qui va construire le monde de demain, à nous de faire en sortir qu'elle ne le subisse pas et qu'elle ne fasse pas que le traverser» annonce-t-il en viatique de cette saison qu'il a souhaitée à la découverte de nouveaux mondes et de nouveaux langages.

Il a dans cette idée convié les artistes Chiara Guidi (qui nous avait fait forte impression avec le conte en immersion Buchettino,  où les spectateurs, allongés dans un grand dortoir en bois, se voyaient raconter l'histoire du Petit Poucet) et Phia Ménard, à la croisée de la danse, du cirque et du théâtre. Cette dernière viendra d'ailleurs avec son "tube", L'Après-midi d'un foehn et ses envols de personnage en plastique (du 9 au 18 juin), considéré par Joris Mathieu comme  «une œuvre majeure du XXIe siècle». Elle présentera également Vortex dans le cadre du festival UtoPistes, un spectacle sur la mue et comment on accouche de soi-même.

Petits et grands

Les tout-petits seront aussi à l'honneur avec Le Jardin des possibles (accessible dès 18 mois, du 7 au 18 octobre),  un espace où ils pourront jouer avec les éléments naturels conçu par Benoît Sicat. À l'autre bout de l'échelle des âges, les adolescents (dès 15 ans) pourront découvrir un Richard III (du 3 au 6 février) par Jean-Lambert-wild assisté par le dessinateur Stephane Blanquet ou Kairos (du 14 au 18 décembre) du peu accessible Bruno Meyssat,  qui se confronte toutefois  à sujet a priori passionnant : l'acheminent de médicaments en Grèce, ou comment décrypter la crise à travers l'insolvabilité des pharmacies et le refus des labos pharmaceutiques de les approvisionner. Espérons qu'il n'oubliera pas que des spectateurs le regardent.

Enfin, toujours pour les ados, Guillaume Bailliart, ancien comédien de Gwénael Morin, se confrontera au Merlin (du 16 au au 20 mars) de Tankred Dort, une exploration des mystères de la Table Ronde. II sera aussi présent avec le retour de son Tartuffe d'après Tartuffe d'après Tartuffe ( du 3 au 10 novembre).

Habitué aux spectacles pour adultes, David Gauchard, qui nous a toujours enthousiasmé, s'adresse cette fois aux minots (dès 7 ans) avec [Inuk] (du 3 au 7 octobre), résultante de son voyage chez les Inuits. Olivier Mellano, son acolyte, guitariste – entre beaucoup d'autres – de Dominique A, sera à nouveau de la partie.

Home made

Reste que c'est la direction du TNG qui se tournera vers les formes d'écritures les plus nouvelles, à commencer par Joris Mathieu lui-même qui créera Hikikomori – le refuge (du 8 au 12 janvier), une fable d'anticipation lisible à tous les âges. C'est la raison pour laquelle chaque spectateur (dès 8 ans) sera muni d'un écouteur (comme ceux qui trônaient à l'arrière des téléphones à cadran) diffusant une des trois narrations écrites pour l'occasion.

Céline Le Roux, fondatrice et directrice festival Micro-mondes, consacré au théâtre immersif, poursuivra quant à elle ce travail avec une nouvelle édition du 24 au 29 novembre. Figure notamment au programme Hiatus de Denis Mariotte, qui se penchera sur les NTIC en se demandant comment le désir peut perdurer une fois qu'on a accès à tout. Avec A game of you, la compagnie belge Ontroerend Goed proposera de son côté une variation sur le palais des glaces labyrinthe dans laquelle les spectateurs, un par un, se jouent de leur propre perception et de celle des autres.

À noter que cette biennale se déroulera en alternance avec le projet No(s) Futurs qui, en novembre 2016, réunira des propositions scéniques venues de toute l'Europe.


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