Jazz à Vienne - Du 26 juin au 11 juillet à Vienne (38)

Entre éternels retours et renouvellement forcenés des talents, Jazz à Vienne continue pour sa 35e édition de puiser aux sources du jazz tout en se posant en laboratoire de la musique de demain. Stéphane Duchêne


On pourrait dire cela de chacune des éditions de Jazz à Vienne, mais c'est particulièrement vrai pour celle-ci : elle marque un retour aux sources, et même plusieurs. D'abord avec une ouverture en forme d'hommage et de déclaration d'amour à la ville-mère du jazz, La Nouvelle Orléans. Où l'on croisera entre autres Dee Dee Bridgewater, mais aussi la fascinante Leyla McCalla, et dont le point d'orgue sera la présence, peu commune, du pianiste, chanteur, auteur-compositeur et surtout producteur de R'n'B originel Allen Toussaint.

Comme chaque année, c'est un retour aux sources en chaîne qui s'opère derrière. Retour un peu permanent avec l'éternel comeback de figures comme George Benson ou Didier Lockwood, mais aussi de genres oubliés, avec le légendaire Golden Gate Quartet, qui prêche le gospel depuis 80 ans, et Gilberto Gil et Caetano Veloso, ce couple inspiré qui mit le feux aux poudres de la musique brésilienne (et de la musique tout court) à la fin des années 60 pour accoucher d'un mouvement qu'on appela tropicalisme.

Dans le genre all-stars, ne pas manquer non plus le featuring de princes maliens (Salif Keita, Cheick Tidiane Seck et Amadou Bagayoko, l'Amadou de Mariam) en soutien des Ambassadeurs.

Le devenir de Vienne

Mais quand Jazz à Vienne fait mine de revenir aux sources, c'est pour mieux redescendre le cours du fleuve jazz (et de ses affluents et confluents). Le festival allobroge rajeunissant chaque année, au fur et à mesure que s'affirment, viennent et reviennent valser à Vienne, les stars montantes de cette musique plurielle, de Roy Hargrove à Melody Gardot, du prodige Tigran Hamasyan (qu'on appelle désormais juste Tigran) à Avishai Cohen et Ester Rada.

Or, pour favoriser et sublimer, comme on dit à Top Chef, toute cette belle effervescence, Jazz à Vienne dispose de trois beaux outils scéniques : la Scène de Cybèle, le Club de Minuit et le JazzMix, où se font les découvertes de demain, parfois aux portes de l'expérimentation, garantes ou pas de longs baux viennois.

Si les jazzmen s'éteignent inévitablement, comme Ornette Coleman il y a peu, Jazz à Vienne, lui, n'est pas près d'épuiser ses ressources passées, présentes et futures.


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