Paint it Black Yaya


Parmi les fans d'Herman Düne, il y a toujours eu deux écoles : celle qui préférait les chansons lo-fi, déstructurées et intransigeantes d'André et ceux qui se révélaient davantage friands des élans pop de David, qui couvaient sous l'anti-folk de la fratrie avant de prendre le dessus sur les albums tardifs. Ceux-là seront sans doute comblés par une musique qui n'a plus à se cacher.

Pour ce faire, David est pour ainsi dire reparti de zéro, seul, repassant par là où Herman Düne était passé du temps de ses concerts confidentiels d'avant la reconnaissance. Clubs minuscules et cachets en conséquence, enregistrements en solitaire, EP en catimini.

Au passage, David est devenu Black Yaya – Yaya étant un surnom qu'il traîne depuis l'enfance – qui est lui-même devenu un groupe. Où l'on retrouve dès Paint a Smile on Me, single qui annonçait un plus long métrage enfin sorti, cette pratique inégalée à trousser des ballades ensoleillées comme Watchman ; ce flow unique, infiniment bavard et un peu nasillard (quelque part entre Lou Reed et Bob Dylan investis dans des carrières de plagistes et un Jonathan Richman vendeur de chouchous) ; cet harmonica qui partage la vedette avec des chœurs aussi enjoués que si on les payait en Margaritas ou en Malibu – là même, ça s'entend, où l'album a été enregistré – ; mais aussi ces déboulés tropicalisant qui brûlent de soleil.

Il y a quelques années, David chantait avec Herman Düne qu'il était «not on top». Au top, à bien des égards, avec Black Yaya, il semble y être revenu. En plein lumière – naturelle – aussi.

Stéphane Duchêne

Apéro Roulez Jeunesse : Black Yaya [+ The George Kaplan Conspiracy]
Au Transbordeur, dans le cadre des Summer Sessions, samedi 4 Juillet


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