À la Machine


Florence Welch a toujours lorgné vers les grandes voix féminines des années 60 (Candi Staton) à 80 (Kate Bush). Chose étrange sur Ship to Wreck – notons au passage que son obsession ophéliaque de la noyade, entrevue depuis Lungs, est toujours bien... ancrée, si l'on ose dire – le morceau très classic rock qui ouvre How Big, How Blue, How beautiful, elle semble d'emblée habitée par l'esprit, la voix et le débit ensorcelant de Stevie Nicks de Fleetwood Mac lorsqu'elle chantait en une transe dévorante leur fameux Rhiannon, l'histoire d'une sorcière galloise – «Welsh witch» en anglais.

Étrange coïncidence qui ne fait sans doute que confirmer les pouvoirs sorciers de la rousse anglaise à la voix inflammable. Laquelle ne sort quasiment jamais, tout au long de ce nouvel album, de cette transe, si ce n'est pour quelque secondes d'une intro en ballade de nouveau bushienne sur le morceau-titre, qui lui aussi explose en bouche sans prévenir.

Ici, tout est en effet big, à commencer par les arrangements en superpositions de cuivres, ces rythmiques de films d'aventures et cette voix qui donne l'impression que Florence est un chœur d'armée à elle seule.

Tout est bleu comme l'humeur mélancolique de la chanteuse, pour qui les choses et les sentiments endurés prennent toujours des proportions bibliques (dont les figures évoquées sont ici nombreuses), mythologiques, en tout cas mystiques.

Tout est beau, sans doute trop démonstrativement, car c'est sa manière de faire : vouloir afficher d'un coup toute la splendeur du monde, aussi éblouissante qu'insoutenable parfois.

Stéphane Duchêne

Florence + The Machine
Aux Nuits de Fourvière dimanche 5 Juillet


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