Voilà le genre d'alliage musical et esthétique comme l'histoire du rock en compte peu, s'agissant de mettre véritablement en commun des talents et des esthétiques si différentes pour accoucher d'une troisième voie, et non d'un collage de conceptions faisant alliance pour le fun ou pour l'argent.
Barré depuis longtemps à mille lieux de leurs exactions glam ou disco pop d'il y a quelques décennies pour des tentatives plus expérimentales, les Sparks reviennent en compagnie de ces singuliers admirateurs écossais sur le chemin d'une pop mélodique, quand les Franz Ferdinand, eux, se laissent aller à l'occasion de ce mariage à une fantaisie et une audace qu'on n'entrevoyait pas même au travers des imparables tubes qu'ils dégainent en rafale depuis une dizaine d'année. Sans que jamais l'un ne prenne l'ascendant sur l'autre (alliage parfait des voix de Russell Mael et Alex Kapranos).
Ce ne sont d'ailleurs pas deux groupes qui se sont mis au travail, mais bien les six musiciens qui les composent, autour notamment de points essentiels comme... l'humour. Une notion qui revient sans cesse quand il s'agit d'évoquer le plaisir de cette rencontre et qui a pointé dès l'élaboration d'une chanson au titre en forme de clin d'oeil Collaborations Don't Work – qui prouve évidemment tout le contraire avec ses allures d'inépuisable morceau-somme.
On peut n'avoir été jamais sensible aux univers farfelus des Sparks et à leur carrière esthétiquement labyrinthique, pour ne pas dire transformiste, comme n'avoir pas été ébaubi deux secondes par le rock clinique et souvent répétitif des archiducs écossais, cela n'empêche nullement de tomber dans le piège redoutable tendu par cet album drôle, donc, mais aussi dansant, foisonnant de références entrelacées, follement pop et fou tout court. À l'image de Police Encounters, irrésistiblement efficace et chiadé avec ses arrangements de piano, de cordes et ses choeurs en cascade.
Au fond, pour qui a pu voir ce nouveau groupe enchaîner le This Town Ain't Big Enough for Both of Us des Sparks et le Take Me Out de Franz Ferdinand sur la scène de Jools Holland, on se dit que tout ce beau monde était fait pour se rencontrer. On se demande même, comme c'est le cas pour les histoires d'amour tardives marquées du sceau de l'évidence, comment elle a pu ne pas se produire avant, ou plus vite.
FFS
Au Transbordeur dimanche 5 juillet