Juste une illusion


L'accès anticipé. C'est un modèle en vogue dans le secteur du jeu vidéo : vous pré-achetez un titre en chantier et contribuez à son amélioration, en espérant qu'il arrivera au terme de son développement et tiendra ses promesses. Le café-théâtre repose sur le même principe ultra-libéral (et, osons le dire, ultra-paresseux) du «ça va se roder avec le temps». Et du temps, il va en falloir dans le cas de Zack & Stan, deux frangins illusionnistes qui, avec l'appui de l'omniprésent Jocelyn Flipo, ont décidé de jouer la carte de l'humour.

Car même avec la meilleure volonté du monde (et ces deux-là en ont, c'est certain), on ne s'improvise pas comédien du jour au lendemain. En l'état (i.e. après trois semaines de représentations au Rideau Rouge), le semblant de rivalité qui sert de fil conducteur à leurs tours paraît de fait bien superflu, dans son écriture comme dans son interprétation – et souffre de la comparaison avec les recherches plastiques de la compagnie 32 Novembre ou les préoccupations narratives de François Martinez.

Il l'est d'autant plus que lesdits tours (escamotage de téléphone les mains dans le dos, mise en lévitation d'une spectatrice ou mentalisme bancaire) sont franchement impressionnants, en tout cas bien assez pour se suffire à eux-mêmes. Notre conseil conso : attendez un an.

Benjamin Mialot


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