Que Viva Eisenstein!

De Peter Greenaway (Holl-Finl-Belg-Mex, 1h45) avec Elmer Bäck, Luis Alberti…


Continuant à honorer les génies artistiques, Greenaway s'attaque à Eisenstein après Rembrandt et Goltzius ; et, toujours dans une logique où sa forme à lui se calquerait sur leur forme à eux, il se lance ici dans un pastiche du style Eisenstein, avec effets de montage et même quelques plans (libres de droits) piqués directement au maître, incarné à l'écran par un Elmer Bäck complètement halluciné.

Contre toute attente, l'introduction du film est ce que Greenaway a fait de plus plaisant depuis longtemps ; la visite d'Eisenstein au Mexique où il se pavane et pérore en grand maître cinématographique de la Révolution russe avant d'y tourner un de ses chefs-d'œuvre (Que viva Mexico!) se transforme en grande farce bouffonne et scato. Il faut voir Eisenstein parler à sa bite sous la douche ou, ivre, vomir et chier en même temps dans les égouts pour comprendre que Greenaway ne prend pas son héros du tout au sérieux.

En revanche, quand le film dévoile son vrai sujet — le coming out d'Eisenstein au contact d'un diplomate mexicain qui le déflore longuement avant de lui enfoncer un drapeau rouge dans l'anus — Greenaway retombe dans ses vieux travers : bavardages verbeux et mise en scène théâtrale qui use et abuse de la frontalité. La vulgarité remplace la trivialité, les artifices cinématographiques finissent par lasser, le film patine autant que le tournage de Que Viva Mexico! et le cinéaste semble manifestement ravi d'exposer au grand jour son côté queer, même mal caché derrière la figure d'Eisenstein.

Sortie le 8 juillet


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