Summer


C'est l'été dans une Lituanie hors du temps, comme échappée de ces vieux films de la Nouvelle Vague tchèque dans les années 60 ; Sangaïlé, adolescente introvertie et mal dans sa peau, vient passer ses vacances dans la villa familiale, et traîne son ennui jusqu'à ce qu'elle rencontre lors d'un show aérien Austé, jeune fille libre et délurée. Ce n'est pas exactement un coup de foudre, mais une attirance réciproque, immédiate pour Austé, contrariée pour Sangaïlé, débordée par ce désir qu'elle ne comprend pas. C'est pourtant cette histoire d'amour-là, cet éveil à la sensualité et à la sexualité, qui va la révéler et lui permettre d'assumer enfin son rêve : prendre son envol, au sens propre du terme.

Sur un sujet qui pourrait paraître éculé — quoique, Summer est officiellement le premier film LGBT lituanien — Alanté Kavaïté, de retour sur ses terres d'origine alors qu'elle vit en France depuis de nombreuses années, fait souffler un vent de fraîcheur en choisissant de le mettre en scène avec une quête permanente d'apesanteur.

Tandis que son excellent chef opérateur Dominique Colin — il fit ses armes chez Gaspar Noé et Lucille Hadzihalilovic, dont Kavaïté a co-écrit le scénario du prochain film — fait une utilisation singulière des drones et des caméras miniatures, les fixant dans les cockpits d'avion pour enregistrer "en direct" les émotions de Sangaïlé, la cinéaste retranscrit à merveille cette sensation de flottement, d'indécision et de trouble qui caractérise l'adolescence. Aérien, Summer l'est d'un bout à l'autre, jusqu'à la musique planante signée JB Dunckel, moitié du groupe… Air !

Le coming of age movie promis est donc amplement tenu, avec ce qu'il faut de lumière radieuse et de nostalgie discrète, de gestes de séduction et d'amour charnel, comme un souvenir édénique, évanescent et indélébile.

Christophe Chabert

Summer
D'Alanté Kavaïté (Lituanie-Fr, 1h30) avec Aïsté Dirziuté, Julija Steponaïtyté…


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La Niña de Fuego