Le retour du roi

Le Festival d'Ambronay consacre sa 36e édition aux grands mythes et à leurs mystères. Et célèbre le Roi-Soleil en long, en large et en flamboyant.


Il n'aura échappé à personne que la France entière fête avec panache le 300e anniversaire de la mort de Louis XIV. Ambronay joue le jeu, de façon plutôt subtile et bienvenue. La soirée d'ouverture l'illustre brillament avec le divo Franco Fagioli, qui avait déjà émerveillé le public la saison dernière : battant des records de popularité tant sa technique frise la perfection et tant ses nuances émeuvent à l'excès, le jeune contre-ténor argentin commémorera l'événement avec les plus beaux airs d'opéras de Haendel et de Lully.

Au-delà, le directeur du festival, Daniel Bizeray, a voulu cette édition muliple et festive. À voir comment,  depuis son arrivée à la fin de l'automne 2013, les publics de l'Abbatiale et ceux du chapiteau se côtoient après les concerts lors d'afters très conviviaux, le pari ne peut qu'être tenu.

Mystères dévoilés

Certes, le baroque tel que l'envisage Ambronay s'est depuis l'origine frotté à des genres musicaux très divers. Mais cette année, Bizeray a poussé la "plaisanterie" un peu plus loin. Entre une masterclass de l'hypnotique percussionniste Keyvan Chemirani et la déambulation à l'écoute des pierres de l'Abbaye en passant par le spectacle hilarant et barré de Cinq de cœur sous chapiteau, on est dans la déroute et le merveilleux.  

À ne manquer sous aucun prétexte, la Passion selon Saint Marc de Bach, partition unique brûlée pendant la Deuxième Guerre mondiale et mystérieusement réapparue il y a peu, qui sera dirigée par le jeune chef israélien Itay Jedlin et replacée dans son cadre liturgique. Le pionnier Jordi Savall et son ensemble Le Concert des Nations retraceront eux deux siècles de musiques,  de Lully à Boccerini tandis que Paul Agnew, à la tête des Arts Florissants, dépeindra avec le talent qu'on lui connait les recoins les plus énigmatiques de la musique de Monteverdi. Il faudra également compter avec un King Arthur de Purcell dirigé par Jean Tubéry, qui aborde toute oeuvre de façon peu conventionnel.

Enfin, le Te Deum de Charpentier, universellement connu…comme indicatif de l'Eurovision, sonnera haut et fort à l'Auditorium de Lyon sous la baguette endiablée de Vincent Dumestre. Bref, une fois encore, la programmation du Festival d'Ambronay aiguise la curiosité.

Festival d'Ambronay
Du 11 septembre au 4 octobre


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