Belles belles belles

Sis du côté de Bourgoin-Jaillieu, le tout nouveau festival Les Belles Journées pose sur le papier des bases solides pour cette rentrée rock avec un plateau 100 % frenchy qui permet de faire le diagnostic, partiel mais aveuglant, d'une pop hexagonale absolument radieuse.


Il eut été difficile au festival berjallien Les Belles Journées de constituer un plateau plus attrayant, qui plus est pour son coup d'essai. C'est qu'outre Autour de Lucie, dont le statut d'icône d'une certaine pop indé en fait sans doute un peu le grand frère (ou la grande sœur) de l'événement ; les cautions "soulisantes" que sont Lull et le Lyonnais Sly Appolinaire, à qui on ne la fait plus ; 49 Swimming Pools dont les membres (menés par l'ancien critique Emmanuel Tellier), bien qu'ils n'aient plus l'âge de la conduite accompagnée,  produisent une musique fraîche comme une rose qui éclorait à l'infini ; et bien sûr H-Burns (voir nos archives à son sujet) ; c'est bien la jeune garde de la nouvelle (oui, encore) pop française que l'on mène ici aux Abattoirs – du moins pas très loin, au Parc de Lilattes.

Une jeune garde qui aime le travail chiadé, détient le secret de la chanson qui tue aussi sûrement que le cri du Dr Justice et porte beau sous les noms d'Aline, d'Isaac Delusion ou Baden Baden. Et deux étrangetés féminines : l'électro-chatte La Féline et Robi, nouvelle coqueluche de la chanson française – Murat, Dominique A et Christophe, aussi différents soient-ils, l'ont adoubée.

Aline pour qu'elle revienne

On l'avoue, de ce côté-ci de l'A71, on n'a pas tout de suite adoré Aline, qui n'est pour le coup pas une fille. Et pour qu'elle revienne dans nos cœurs, Aline a dû s'employer à un album magnifique, La Vie Electrique, produit par le druide Stephen Street (le producteur qui sublima quelques travaux des Smiths avant d'officier notamment avec Blur) : quelque chose comme du Smiths à dada sur Daho sous les yeux de Marc Seberg (pour ceux qui s'en souviennent).

Tout aussi investis dans la recherche mélodique et l'interprétation, à chacune de leur sortie, qu'ils chantent en anglais ou en français, Isaac Delusion (de She Pretends à How Much You Want Her) et Baden Baden (You'll See, Good Heart et Coline les ont révélés mais pas plombés, à écouter leur album Mille éclairs) nous rejouent le «plus blanc que blanc» de Coluche en mode «plus impeccable qu'impeccable c'est quoi ?  Parfait ?».

À la vue de tout ce beau monde, dont une bonne partie sera à l'affiche des salles lyonnaises cet automne, on ne pourra sans doute faire autrement que l'humoriste Arnaud Tsamère lorsqu'il conclut son désormais (presque) fameux sketch sur le vaudeville, nous exclmant, au pluriel : «Ooooh ! Mais queeeelles journées !».

Les Belles Journées
Au Parc des Lilattes, Bourgoin-Jallieu, vendredi 11 et samedi 12 septembre


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