Collection définitive


On ne sait si les membres de Collection ont l'alcool mauvais. Il ne fait en revanche aucun doute qu'ils ont la mescaline bonne tant leur premier album, Misérable Miracle (titre du livre dans lequel Henri Michaux documenta sa découverte de l'alcaloïde préféré des chamans, CQFD), en impose en matière d'électro-pop de chambre.

Une chambre avec vue mais dont les murs, tapissés de gri-gris romantiques (photos d'identité berlinoises, flyers, correspondances, vous voyez le genre), auraient une fâcheuse tendance à se resserrer. Celle, par exemple, on imagine, dans laquelle passe le plus clair de son temps Marty Anderson, songwriter californien qui, bien que diminué par la maladie de Crohn, a composé sous le nom d'Okay certaines des plus belles échappées mélodiques des années 2000.

Il y a en effet chez le trio lyonnais comme chez ce méconnu disciple de Sparklehorse une même dichotomie entre envie de sauter par la fenêtre (les accords au grand air de Fairy Land, les tirs au pistolet-jouet de Island in the Mist, les bâtons de pluie d'Enfant sauvage) et tentation du repli intime (les chœurs évanescents de Mutual Assured Destruction, le chant déshumanisé de Alien Victim, les orchestrations soucieuses de The Sleeper).

À ceci près qu'il sourde de Miserable Miracle une discrète tension sexuelle. Collection la précipite en beats hip-hop qui sont autant d'échos à une certaine scène britannique (de Alt-J à Wave Machines) et à ces instants où, la peau chauffée par l'aurore et la main dans une chevelure familière, les nids douillets ont des airs de donjons. «I could be home asleep with my lover, I could be home feeling alright» chantait Marty sur Hoot. À quand une reprise ?

Collection [+ François Virot + House of John Player]
À la Triperie samedi 12 septembre

Misérable Miracle (AB Records)


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Grrrnd Zero pousse le volume à onze