Ils ne se rendront pas


Très réussie, la nouvelle édition de Rendez-vous, rassemblant une vingtaine de jeunes artistes internationaux, porte cette année un nom bien paradoxal. Plusieurs d'entre eux, en effet, lèvent le poing, grondent de colère, entonnent des chants de révolte ou d'énergie collective.

«L'être humain se dresse, non pas contre le monde ou contre la nature, mais contre la fausseté, contre le mensonge, contre ce qui est caché, contre un vivre ensemble de plus en plus injuste» écrit Johann Rivat (né en 1981). Le peintre grenoblois s'inspire dans ses tableaux de scènes de révoltes urbaines ou des mouvements de contestation récents. Une sorte de nouveau romantisme brûle sur ses toiles, éclate en couleurs phosphorescentes parmi les fumées de gaz lacrymogènes, isole parfois un individu face au hors champ du pouvoir. L'ennemi est peu visible, l'objet du combat demeure inconnu, l'histoire ici est représentée avec une grande force plastique dans son "moment négatif", dans l'urgence du "non", la béance du cri...

Ce cri se fait beaucoup plus mélodieux dans les vidéos de Lola Gonzalez (née en 1988 à Angoulême), et le "non" s'entremêle au "oui", à l'affirmation du groupe et à la possibilité du commun. Les dispositifs de l'artiste sont souvent très simples : elle filme par exemple un groupe d'amis à la campagne qui entonne des chansons folk et existentialistes, livre quelques mots et pensées personnels, puis danse une sorte de transe imaginaire autour d'un grand feu de joie. Ailleurs les mêmes protagonistes affirment leurs droits minimaux à la poésie ou à l'action prosaïque face à un juge sourd et aveugle.

Dans une interview, Lola Gonzalez dit chercher dans son travail à

«transmettre une énergie et une envie d'être généreux dans les formes qu'on propose et que ce soit par la parole ou par l'image... Créer comme ça un regroupement de pensées de plein d'individus qui représenteraient quelque part une énergie dans une génération actuelle.» 

Une énergie pour le moins contagieuse et stimulante.

Jean-Emmanuel Denave

Rendez-vous 2015
À l'Institut d'Art Contemporain à Villeurbanne jusqu'au 8 novembre


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Coup d’œil sur la rentrée des musées historiques