Électro c'est trop ?

Pour faire un point complet sur l'actu des dancefloors, il nous aurait fallu bloquer un bon tiers de ce dossier de rentrée. À vous, donc, de le compléter via vos canaux habituels. De toute façon, c'est bien simple : il y aura cette saison encore plein de trucs bien, partout, tout le temps.


On prend quasiment les mêmes et on recommence. Avec la dissolution de Haste, une place s'est libérée au Transbordeur. Good news, ce sont les sapeurs techno de CLFT qui la récupèrent. Une fois par trimestre, ils présenteront deux artistes de leur très pointu et très offensif roster ; démarrage le 9 octobre avec les Britanniques Lee Holman et Biny, passage à la vitesse supérieure le 11 décembre avec deux autres British, Fundamental Interaction et l'ami de longue date Ben Gibson.

Leurs âmes sœurs de Papa Maman, non contentes de renforcer leur présence à La Plateforme (voir page 19), continuent pour leur part d'essaimer dans la ville – après un premier essai au Petit Salon, leurs prochaines "MTR", le 2 octobre au Sucre et le 9 au Kao, permettront de constater que le genre est parfois plus spartiate et viscéral ailleurs qu'à Berlin et Londres avec l'Ukrainien Stanislav Tolkachev,  le Finlandais Samuli Kemppi et l'Espagnol Oscar Mulero.

Quant à leurs colocataires de l'Atelier Sumo (le QG en travaux de l'avant-garde bruitiste locale), les opérateurs webradio de LYL, ils poursuivent eux leur bonhomme de chemin : concerts audiovisuels à domicile (le prochain est pour décembre), broadcasts en direct de chez Groovedge Records et, si tout va bien, un lancement officiel en octobre.

Autre résidence à suivre au Transbo, celles qu'inaugurent ensemble Encore et Totaal Rez cette semaine, nommée "Demain" (voir page 19). Pas de quoi ralentir les activités respectives des deux structures – qui se retrouveront le 19 décembre pour un live du duo Aux 88, parmi les premiers à étouffer la techno sous des heavy basses –, même si Totaal Rez a dû renoncer au Rumble Festival. Encore annonce de son côté, entre autres, les retours de plusieurs figures historiques de la dance music made in Michigan – le fondateur Kevin Saunderson (2 octobre, pour une première au Petit Salon), la fratrie Octave One (5 décembre, même endroit) et Chez Damier (23 octobre au Sucre) – et un live de l'architecte noise Kangding Ray (le 16 octobre au Transbo).

À quoi s'ajoutent, bien sûr, les productions d'une multitude d'acteurs plus discrets (Art Feast, Uncivil, Zuper...) et les programmations hebdomadaires du DV1 et du Terminal, évidemment inconnues au-delà du 30 septembre, ainsi que celle du Sucre, pour le moment arrêtée à fin octobre et des plus familières : barouf techno dominical (Ben Sims et Boddika le 4, DVS1 le 18) et house qui alourdit les fesses (Tom Trago le 3) ou en vol géostationnaire (Edward le 16).

Au singulier

Au-delà de ces rendez-vous bien identifiés, le début de saison sera aussi émaillé de quelques concerts non labellisés (en tête celui de Bill Kouligas au Sonic le 9 octobre), en particulier du côté du Transbo. On y assistera ainsi à trois retours aussi craints qu'attendus : celui du duo guitare-machines Ratatat (1er novembre) qui, sous couvert d'un retour à ses fondamentaux – du Daft Punk non équipé d'un logiciel de synthèse vocale, en gros – vient de signer un album dont l'écoute s'avère aussi passionnante que l'observation d'une porte d'ascenseur butant sur un carton ; celui de Saint-Germain (18 novembre), pionnier de la fusion des musiques noires d'hier (jazz, blues) et d'aujourd'hui (house, techno) et, par voie de conséquence malheureuse, de l'easy listening 2.0 ; et enfin celui des premiers turntablists – comme on parle de premier violon – de Birdy Nam Nam (14 janvier), désormais amputés de leur paire de mains la plus dextre (DJ Pone). Aucun souci à se faire en revanche pour Nosaj Thing (3 novembre) : en matière de beatmaking atmosphérique, rares sont ceux qui peuvent soutenir la comparaison avec ce jeune maître californien de la MPC.

Du côté du Sucre également, trois dates à retenir : le 8 octobre, pour la venue du phénomène depeche-modesque Ghost Culture, le 9 pour un big up mérité au minimaliste brésilien Gui Boratto et, surtout, le 24, qui verra le rooftop proposer un plateau format festival avec le bidouilleur hyperactif Four Tet, Daphni (Caribou en mode dancefloor) et le prodige house ascendant chef d'orchestre Floating Points.

Au pluriel

Festival, on a dit festival ? Un mot, alors, sur ceux qui parsèmeront l'automne. Elektro System dégainera le premier avec Hypnotik (le 10 octobre à Eurexpo), où sont notamment attendus le cadet Kalkbrenner, la fine fleur du label Mobilee (sa fondatrice Anja Schneider, Maya Janes Coles et Re.you) et Len Faki, peut-être le résident le plus rentre-dedans du Berghain, avant de remettre le couvert un mois plus tard pour son quinzième anniversaire (10 novembre au Double Mixte). Baptisé Magic, il accueillera entre autres l'égérie berlinoise Ellen Allien et Dufbire (qui jadis rendit la house soluble dans la pop mainstream au sein de Deep Dish).

Au même moment, le Riddim Collision donnera le coup d'envoi de sa 17e édition (10 au 15 novembre au Transbordeur) avec sa traditionnelle carte blanche ubiquiste – six bars des pentes, six organisations locales –, avant d'embrayer sur deux folles soirées où se succéderont le pionnier du hip-hop nippon DJ Krush, Blanck Mass – projet solo pour le moins misanthrope d'une moitié des assourdissants Fuck Buttons –, Clark, figure emblématique de l'IDM à la mode de chez Warp, son labelmate fan de collages Prefuse 73 ou encore le surdoué de l'arrangement électro-acoustique Chapelier Fou.

Terminons par une curiosité : Synthzilla (31 octobre au Jack Jack), un événement consacré à la synthwave, sous-culture rétro-futuriste qui puise son inspiration dans les kitscheries éclairées au néon des années 80, ainsi que chez John Carpenter, Tangerine Dream et autres autres sommités du cruising analogique. Vous aimez Drive ? Vous aimez Hotline Miami ? Vous allez adorer l'espèce de new wave bis de Carpenter Brut et ses copains.


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