Le tressaut de l'ange


Kurt Cobain s'est-il expédié lui-même au Nirvana ou a-t-il été assassiné par sa chère et pas si tendre Courtney Love ? Remis sur la table à chaque sortie d'un film ou d'un bouquin se piquant d'apporter des révélations sur cette tragédie générationnelle, le débat n'a plus lieu d'être : l'idole des gosses perdus à cheveux gras est ressuscitée, il se fait désormais connaître sous le nom de Jamie Morrison et s'époumone au micro d'un groupe au nom raccord avec son physique de divinité en petite forme, Pale Angels. C'est sa façon de chanter qui l'a trahi, à la fois doloriste et séductrice – comme si chaque mot était un dernier râle, émis une main crispée sur la poitrine et l'autre remettant d'aplomb une mèche.

Blague à part, la ressemblance est troublante, particulièrement sur Lapin, lapin, le titre qui ouvre le deuxième album de ce trio transatlantique (du Pays de Galles aux États-Unis), Imaginary People. Elle l'est d'autant plus que ledit trio a les années 90 chevillées aux amplis, des Meat Puppets à Dinosaur Jr. en passant par Husker Dü, entre autres groupes qui avaient le chic pour dessiner, façon carte à gratter, de fulgurantes mélodies dans de grands aplats de distorsion – souvent au rythme effréné d'une fuite en avant. Appelez ça du grunge, du slacker rock ou du pop punk, c'est chapka grise et grise chapka : avec ces anges-là, pas moyen de se débiner, il y aura toujours un hook ou un refrain pour vous rattraper.

Pale Angels [+ Directors Cut]
Au Trokson vendredi 25 septembre


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