Musique cherche chambre

​Le lyrique a l'Opéra, le symphonique l'Auditorium, le baroque la Chapelle de la Trinité… Mais : et la musique de chambre ?


À Lyon, la question se pose pour les mélomanes en quête d'intimité, du plaisir d'écouter la musique en petit format,  comme pour ceux qui préfèrent l'épure des sonates et quatuors aux grands raouts orchestraux. Où écouter – et dans de bonnes conditions sonores – de la musique de chambre ?

L'offre de concerts est pourtant abondante et de qualité, mais les lieux pas toujours appropriés. À l'ONL, les membres de l'orchestre se produisent dans l'immensité du plateau de l'Auditorium, tandis que ceux de l'Orchestre de l'Opéra investissent le cadre sublime – mais acoustiquement discutable – du Grand Studio du Ballet.

L'association Fortissimo, elle, présentera une septième saison de concerts alléchante en invitant de très beaux artistes à se produire dans le cadre peu glamour et si mal identifié du Palais de la Mutualité – Salle Édouard Herriot (vous connaissez ?) où, là encore, l'écrin n'est pas à la hauteur.

Dis, Molière, quand reviendras-tu ?

Et pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi. Le joyau lyonnais de la musique de chambre, c'est assurément la Salle Molière,  port idéal en tout point de la musique de chambre (600 places, acoustique chaleureuse et précise) lové dans le Palais Bondy,  dans le Vieux Lyon. Une salle centenaire qui a accueilli les plus grands chambristes et été le centre du regretté festival Les Musicades, fermée depuis plusieurs saisons pour travaux.

Depuis sa fermeture, les principaux organisateurs de concerts sont en errance : Piano à Lyon et la Société de Musique de Chambre de Lyon se sont repliés Salle Rameau sans y trouver ni une acoustique propice, ni le confort attendu par un public exigeant. Vieillotte sans être décrépie, la Salle Rameau, qui aurait bien besoin d'un lifting elle aussi, supporte des oeuvres massives pour le piano, mais peine à flatter les ensembles à cordes ou vents ou à restituer des répertoires plus fragiles.

Pour la Société de Musique de Chambre, dirigée par Eric Desnoues (également Kappellmeister à La Trinité), la fréquentation à Rameau baisse et l'équipe trépigne de pouvoir retrouver la Salle Molière, dont la Ville de Lyon espère ré-ouvrir les portes début 2016, sans annoncer de date précise. L'impatience est telle que ladite Société a programmé des concerts Salle Molière dès février 2016… sans avoir l'assurance que les travaux seront finis à l'heure.

6 concerts de musique de chambre à ne pas rater.

Pénétrer dans le Grand Studio du Ballet de l'Opéra, perché tout en haut du dôme conçu par Jean Nouvel, est une chance rare. Pour le plaisir des yeux et des oreilles, l'Opéra a la bonne idée d'y programmer des concerts des musiciens de son orchestre, dont un programme pour ensemble à vents les 7 et 8 novembre avec notamment des oeuvres de Mozart et de son neveu Carl Maria von Weber.

Fortissimo présente pour sa part un récital du pianiste Jean-Claude Pennetier le 24 novembre au Palais de la Mutualité : une soirée dédiée à l'intégrale des Nocturnes pour piano de Gabriel Fauré, assurément bien servie par l'un des spécialistes français de cet instrument.

Intégrale toujours : le Quatuor Danel livrera toute l'œuvre incandescente pour quatuor à cordes de Chostakovitch les 15, 16, 17 décembre en Salle Varèse sous la double égide du CNSMD et de la Société de Musique de Chambre de Lyon.

À l'ONL, on vous invite à ne pas rater le concert d'octuor de violoncelles, ne serait-ce que pour la première des Bachianas Brasileiras de Villa-Lobos, trésor mélodique du compositeur brésilien, le 3 avril.

Du côté de Piano à Lyon, on accueille le gratin pianistique Salle Rameau, et certains soirs les pianistes vont par deux, comme pour cette soirée à quatre mains qui réunira les merveilleux Martha Argerich et Nicholas Angelich le 13 avril. Un programme flamboyant qui a pour cœur la transcription pour deux pianos du monumental Sacre du Printemps de Stravinsky.

Outre les organisateurs, il y aussi les artistes lyonnais. Saluons pour finir le Quatuor Debussy, qui prouvera encore sa versatilité le 9 janvier au Radiant-Bellevue pour un concert Bach entre jazz et classique avec le pianiste Jean-Philippe Collard-Neven.


<< article précédent
«Être à la marge de l'institution» - Interview du collectif Grrrnd Zero