"Pan-Pot", c'est de la balle !


Une pianiste, trois jongleurs et des balles blanches en grand nombre : une équation de départ on ne peut plus simple et un brin éculée pour un spectacle contemporain. Sauf que Le Petit Travers (collectif lyonnais d'auteurs, jongleurs, danseurs, musiciens et comédiens venus d'horizons divers) transcende ce postulat initial, y adjoignant de la poésie et du burlesque, pour un résultat inattendu et surprenant où le plaisir des sens est roi et l'imaginaire fait office de foi.

Dans une scénographie épurée savamment étudiée (très belle création lumière), Nicolas Mathis, Julien Clément et Denis Fargeton, tout de noir vêtus, donnent à ce point vie à leurs balles qu'elles deviennent les véritables interprètes du spectacle : elles dansent les unes avec les autres, glissant contre un corps, s'entrechoquant ici et là, bondissant sauvagement, chutant soudainement, s'évaporant en un clin d'œil. Une chorégraphie de l'aléatoire en somme, même si l'ensemble apparaît solidement maîtrisé.

Et c'est bien ce qui séduit dans ce Pan-pot ou modérément chantant créé en 2009 : cette construction qui semble ne tenir qu'à un fil, laissant le spectateur frémissant jusqu'au final, hypnotique. Non sans rappeler les films muets du siècle dernier, la pianiste porte l'ensemble, créant une musicalité du geste envoûtante. Car au fond, les notes des partitions ne seraient-elles pas des balles égarées par les jongleurs ?

Aurélien Martinez

Pan-pot ou modérément chantant
À la Maison de la danse du mercredi 14 au lundi 19 octobre


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