Lumière 2015 : qui êtes-vous, Larissa Chepitko ?


Qui êtes-vous Larissa Iefimovna Chepitko ? De vous, on ne sait presque rien ; à peine a-t-on déchiffré un jour votre nom figurant au palmarès de la Berlinale, parmi les récipiendaires de l'Ours d'Or. On radote beaucoup sur Jane Campion et sa Palme en 1993, mais en 1977, vous étiez déjà la deuxième femme à recevoir la récompense suprême à Berlin. C'était pour L'Ascension, votre quatrième long métrage.

Vous n'en ferez pas d'autre : un accident de voiture deux ans plus tard, alors que vous préparez votre film suivant, Les Adieux à Matiora, vous emporte en compagnie d'une partie de votre équipe de tournage. Vous n'avez que 41 ans. Vous n'aurez pas eu le temps d'accompagner l'évolution de l'URSS comme vous l'auriez souhaité ; de goûter à la Pérestroïka et à l'assouplissement du régime. En mourant pendant le règne de Brejnev, vous avez été statufiée dans l'oubli comme cinéaste soviétique. Et "soviétique", même si l'on est ukrainienne comme vous ; même si l'on a connu dans sa carrière, comme vous, les foudres de la censure, cela reste une tache indélébile. Cela vous politise à votre insu, vous marginalise.

Ajoutez à cela que vos films sont en noir et blanc — à l'exception de Toi et Moi (1971) — et qu'ils ne faisaient sans doute pas partie des priorités de ressorties ou de restaurations… C'est toujours pareil : on privilégie les apparatchiks d'hier et d'aujourd'hui. Il aura fallu un petit miracle pour que vous, la disciple de Dovjenko, lui-même un peu oublié mais dont Scorsese a intégré La Terre (1930) dans sa Carte blanche, bénéficiez d'un remise en lumière — en festival Lumière, en fait, dans la section consacrée à l'histoire permanente des femmes cinéastes.

Chaleur torride (1963), tourné au Kazakhstan, Les Ailes (1966) ainsi que Le Pays de l'électricité (1967), segment du Début d'un siècle inconnu, vont ainsi être également projetés à Lyon. Venus d'outre temps, ils parleront pour vous, mais soyez-en sûre, Larissa Iefimovna Chepitko, ils parleront aussi de vous.

Histoire permanente des femmes cinéastes - Larissa Chepitko
À l'Institut Lumière, au CNP Bellecour et au Pathé Bellecour


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