La Souterraine au grand jour

La Souterraine nous gâtait déjà bien avec ses concerts au Café du Rhône, en exploration d'une pop française souvent francophone et psychédélique. Voilà qu'on a droit à un festival réunissant quelques-uns de ses chouchous, des nôtres, et bientôt des vôtres.


Au départ, il y a des compilations disponibles en téléchargement libre qui font la part belle – et d'ailleurs exclusive – à une certaine idée de la pop auto-produite, marginale au bon sens du terme et, surtout, en français décomplexé. Puis des concerts sis, pour leur partie lyonnaise, en tout cas la plupart du temps, au Café du Rhône. Puis La Souterraine s'est piquée d'organiser sur ce modèle ces compilations live que l'on nomme festival et qu'elle baptise STRN FEST.

Voici ce dernier au Centre Culturel Charlie Chaplin, plus habitué à accueillir les barons du jazz que les jeunes ducs de la pop décalée. Et c'est peu de dire que la Souterraine nous chouchoute pour cette première étape avec, d'abord, expo de vinyles et conférences sur le  psychédélisme – autre marotte de la Souterraine –, animées par le spécialiste David Rassent. L'une consacrée à Ken Kesey, auteur de Vol au dessus d'un nid de coucous et l'un des pères du mouvement avec ses Merry Pranksters, l'autre au renouveau psychédélique et progressif en France.

Möölesse psyché

Un renouveau qui s'incarne en des groupes comme Moodoïd, Aquaserge et Forever Pavot. Le premier est un monstre d'onirisme et de zinzinerie mené par Pablo Padovani (fils d'un grand saxophoniste de jazz), qui a conduit ses troupes vers Le Monde Möö, planète placée très très loin dans la galaxie et album qui fait déjà figure de classique.

Le deuxième, membre du cercle moodoïdien – car le psychédélisme est souvent affaire de cercles –, est tout aussi hallucinatoire dans ses emportements : l'album A l'amitié est comme une capsule spatiale condensant le genre (la scène de Canterbury, le free-jazz,  le krautrock...) envoyée aux confins de l'univers, après l'explosion de la Terre, aux populations d'outre-espace.

Même motif même "punition" pour Forever Pavot, dont le spectre rétromaniaque s'étend de John Barry à Stereolab en passant par les Beach Boys.

Il s'agirait de ne pas oublier – outre le showcase des Lyonnais Odessey & Oracle en attendant leur première partie des Zombies –, le versant chanson pop lo-fi incarné par l'émouvant Eddy Crampes, qui tirerait des larmes à un moellon, ainsi que le duo à la langue bien pendue Arlt et Julien Gasc (déjà évoqués dans ces pages). Pour du souterrain, voilà qui va voler bien haut.

STRN Fest
Au Centre Culturel Charlie-Chaplin vendredi 9 et samedi 10 octobre


<< article précédent
Un grand Godot est arrivé aux Célestins