Balladur, premier sinistre de la new wave


Dans le film Libre et assoupi de Benjamin Guedj, trop librement adapté du roman presque éponyme du Lyonnais Romain Monnery, il y a cette scène inutile mais drôle où le héros interprété par Baptiste Lecaplain se réveille en sursaut d'un rêve en marmonnant : «Tu nous manques Balladur !» Et c'est vrai que ce n'est pas faux. C'est sans doute inconsciemment très exactement pour cette raison que le groupe villeurbanno-grenoblois Balladur a choisi de se baptiser ainsi plutôt que Wauquiez ou The Nadine Moranos.

C'est un détail car, en dehors d'une certaine langueur monotone qui n'est pas sans rappeler Verlaine, certes, mais aussi l'ancien premier ministre de François Mitterrand, donc, Balladur a autant à voir avec Balladur que la new wave avec la réforme du CIP. Surtout, Balladur est bien plus sexy que Balladur et cela, on le sait depuis la publication sur cassette (la nostalgie n'a pas de limites) de son maxi Dream Baby, nanti d'un fort beau scopitone, comme on disait sous De Gaulle.

Il s'est passé deux ans mais revoilà ce groupe qui, à l'instar de son homonyme, ne fait pas de promesses mais les tient – c'est du moins l'une de ces plus célèbres déclarations avec «Il fait chaud». Certes, il ne fait pas très chaud sur ce Plage Noire, Plage Blanche de nouvel album. La preuve : Moe, titre balancé en éclaireur évoquant du Echo and the Bunnymen poussé au Suicide. Mais de chaleur, on sent celle d'une déclaration d'amour à une "synthpop" qui, sous leurs doigts et leurs voix, rime avec Sainte Pop.

Don't Mess #2 : Balladur [+ Chk Chk Chk]
Au Transbordeur mardi 27 octobre


<< article précédent
Sur la piste d'Alamo Race Track