Warhol, l'artiste-machine


En mai 1963, Andy Warhol lance l'une de ses plus fameuses déclarations au Time : « Les peintures sont trop compliquées. Les choses que je veux montrer sont mécaniques. Les machines ont moins de problèmes. Je voudrais en être une, pas vous ?» Un an plus tard, dans un loft new-yorkais, l'artiste-machine ouvre la bien nommée Factory ("usine" en français) où sont produits à la chaîne et collectivement aussi bien des sérigraphies que des films, des albums de musique et des "stars".

Comme peut-être Marcel Duchamp, comme, plus étonnamment, Alberto Giacometti («J'aimerais arriver à peindre comme une machine» déclara-t-il), Warhol fait partie de ces artistes qui veulent «peindre, dessiner, œuvrer en empruntant le fonctionnement même de la machine» (dixit Maurice Fréchuret, dans le catalogue de l'exposition L'Art et la machine). Soit une volonté de dissoudre l'affectivité et la subjectivité artistiques qui aura une descendance importante avec Piero Manzoni, On Kawara ou le groupe BMPT (Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni).

Les œuvres de Warhol ne sont malheureusement pas présentes dans l'exposition du Musée des Confluences,  mais l'artiste pop connaît une forte actualité avec une exposition au Musée d'art moderne de la ville de Paris (présentant notamment la totalité de sa série Shadows), une autre sur ses liens avec la scène underground new-yorkaise au Centre Pompidou Metz, et la parution récente d'une riche biographie écrite par Victor Nockris, l'un de ses proches à la Factory.

Dans celle-ci, le poète Gérard Malanga déclare : «Andy aimait toutes sortes de machines et de gadgets, il se passionnait pour les nouvelles techniques et pour la technologie... Le cœur de son expérimentation s'est cependant concentré sur l'utilisation de la photographie et de la sérigraphie pour créer une œuvre. Le processus de sérigraphie étant très mécanique, il représentait une extension de son amour pour la machine. Le raisonnement d'Andy était que cette manière de produire simplifierait au maximum l'acte de peindre. Pourtant, ce processus se fondait sur une application manuelle.» Wharol n'a jamais été à une contradiction près.

Warhol Underground
Au Centre Pompidou-Metz jusqu'au 23 novembre

Warhol Unlimited
Au Musée d'art moderne de la ville de Paris jusqu'au 7 février

Victor Brockris - Warhol (Éditions Globe)


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Le Musée des Confluences passe l'art à la machine