Sous la surface des choses


«Pour moi, Nosaj Thing est bleu» déclarait Superpoze aux Inrockuptibles pour expliquer son approche colorimétrique de la musique. On confirme : Nosaj Thing, d'ailleurs l'une des principales influences du petit prodige caennais de l'electronica homemade, est bleu.

Pas un bleu da dou di da dou da, plutôt un bleu vague-à-l'âme, que ce beatmaker californien, Jason Chung de son nom de ville, dilue depuis une petite dizaine d'années dans un abstract hip-hop mâtiné d'ambient d'une grâce et d'une fluidité telles qu'on pourrait y entendre la parfaite bande originale d'un porno underwater.

Las, ce que semblent raconter ses beats à la dérive (son premier album ne s'intitule pas Drift par hasard), ses cut-up de voix intérieures et ses glitches qui scintillent dans le néant, c'est justement les après-midi à se masturber sans conviction devant des fantasmes chirurgicaux et ce qui les sous-tend : les petites inquiétudes domestiques (sur Home, son deuxième long) qui font les grandes angoisses existentielles (sur Fated, le dernier en date), dans lesquelles se sont notamment baignés des rappeurs de la trempe de Kid Cudi, Kendrick Lamar et Chance the Rapper.

Sur scène en revanche, c'est une toute autre histoire – en partie racontée à Nuits Sonores 2013 : convulsives et charismatiques, les prestations de Nosaj Thing n'ont de spleenétique que les souvenirs qu'elles déposent dans les mémoires perméables à la virtuosité et à l'harmonie.

Encore - Nosaj Thing [+ Kuna Maze + Woodwire]
Au Transbordeur mardi 3 novembre


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