Au nom de l'amour


Le lecteur fidèle (coucou Herbert !) sait l'amour qu'on voue à l'onomastique des groupes rock. D'où notre problème : si Unknown Mortal Orchestra, le groupe américano-néoZ de Ruben Nielson, avait voulu plus mal choisir son nom, il n'y serait pas arrivé : on ne voit en effet pas évocation plus éloignée de la musique qui s'y rapporte.

On imagine ainsi leurs disques pourrissant sur les étagères de fans de metalcore ayant malencontreusement pris celui-ci comme un gage de décibels, d'invocations multiples du Diable ou d'un récit circonstancié, homérique et hurlé, de la mère des gueules de bois – à tenir les cheveux d'une crackhead transsexuelle prénommée Chuck au-dessus du sanibroyeur d'un motel du Wisconsin (exemple non contractuel).

Car oui, Unknown Mortal Orchestra aurait dû s'appeler Space Candy, Moutain of Sweetness, Funk Me With Your Tongue, Lalala ou Lover & the Lovettes s'il avait voulu rendre grâce à sa space-soul-psyché-funk-love-pop fine et détraquée. À cette adorable petite batterie de cuivres qui saupoudre le morceau Necessary Evil sur son dernier album Multi-Love, chronique tout en sophistication déboîtée par la tentation lo-fi des plaisirs du ménage à trois – chronique vécue par Nielson et tellement efficace qu'il en est devenu prosélyte.

Au moins ne peut-on pas reprocher à celui qui nous avait charmé avec Ffunny Ffriends – tiens, Ffunny Ffriends, voilà qui leur irait comme un doux petit gant – c'est d'avoir bien choisi le nom de son dernier album. Quant à savoir si le prochain s'appellera Multi-Divorce... 

Unknown Mortal Orchestra [+ Collection]
Au Marché Gare lundi 9 novembre


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