Post-humains, après tout


Il y a quelque chose d'infiniment et d'ironiquement paradoxal dans le fait de baptiser son nouvel album Rehumanizer tout en se dirigeant toujours un peu plus vers une musique justement déshumanisée, anorganique, comme mathématisée. De faire aller doucement son œuvre dans le sens d'une évolution qui serait un devenir machine.

Mais c'est peut-être ce transhumanisme là que vise le quatuor américain Maserati : penser le post-humain comme il a toujours joué un rock d'après le déluge cosmique. Et cela sans doute passe-t-il à la fois par la fin de l'Homme tel qu'on le connaît autant que par la fin du rock – sur End of Man, Maserati joue les Mensch-machine kraftwerkiennes au moyen d'un vocoder venu du fond des âges électro-kraut.

Difficile donc, d'attribuer à une quelconque espèce la musique de Maserati sur ce nouvel album qui brouille un peu plus les pistes avec une pochette comme on n'en voit plus depuis les pires heures d'un prog/hard rock intoxiqué par Ray Bradbury et l'esthétique Métal Hurlant.

De fait, Maserati glisse à coups de petits pas pour l'homme du post-rock initial au space rock le plus voyageur, avec l'idée que l'avenir de l'Homme passerait par une grande virée vers "le silence éternel des espaces infinis" où il s'agira d'ensemencer à nouveau, seuls sur Mars ou ailleurs.

Mais à nouveau, Maserati achoppe sur un paradoxe : comment penser le futur – et celui de la musique – quand on en a une vision presque exclusivement rétrofuturiste ? C'est cette contradiction même qui rend ce groupe passionnant.

Maserati [+ L'Effondras]
Au Sonic lundi 9 novembre


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