Tapage nocturne


Des diverses séries de compilations qui contribuent à établir la hiérarchie électronique, fussent-elles à l'initiative de labels (comme les DJ Kicks de Studio !K7) ou de clubs (telles les publications mensuelles de la Fabric), celle des Late Night Tales est la plus immersive, encapsulant dans sa dénomination même les vertus feuilletonesques des insomnies en milieu sonore. Généralement, l'ambiance est celle d'une sitcom : apéro dans une coloc' de sympathiques chômeurs en exposition, cuddling en état second en guise de happy end et entre les deux, plein de time-lapses où les lumières de la ville défilent au rythme des big room fillers.

Si d'aventure on en confiait les commandes à Pizza Noise Mafia, il en irait tout autrement. Car la musique de ce duo de bidouilleurs belges, détonnant cocktail d'acid techno béotienne et de cruising analogique sur les traces de dérapage de John Carpenter, est de celles qui s'écoutent en terrain désaffecté (Travail de main, dont les courants d'air fantomatiques rappellent les heures les plus anxiogènes de Blawan), galvanisé par la perspective d'une descente de flics (les sirènes hurlantes de Médecin de nuit) et insoucieux des bad trips, au sens chimique comme au sens pédestre, que sont les retours au bercail entre chien et loup (Wolf et ses synthétiseurs en mode "tour de périph'").

Plus que des chroniques nocturnes, ce sont donc des histoires à dormir debout que raconte ce groupe au nom à coucher dehors – et aux prestations live d'une hardiesse à réveiller les morts. Si ce n'est pas un tour de force conceptuel...

Pizza Noise Mafia [+ Acid Kruger Crew]
Au Sonic jeudi 5 novembre


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