À l'Opéra, une Carmen endiablée


Le Ballet de l'Opéra s'aventurant habituellement sur les terres de la danse contemporaine, il est surprenant de le découvrir au milieu d'une scénographie très théâtrale, en costumes et... sur pointes ! Ceux, en l'occurrence, de deux pièces de Roland Petit (1924-2011), auteur de plus de cent cinquante créations et chorégraphe difficilement classable.

Entre académisme et innovation (l'introduction, par exemple, de gestes du quotidien dans ses pièces), entre théâtralité et abstraction, Roland Petit s'est essayé à tous les genres, signant quelques chefs-d'œuvre (Le Jeune homme et la mort en 1946 notamment) comme des spectacles plus légers (dans le domaine du music-hall, à la télévision ou pour Hollywood).

L'Arlésienne (1974) et Carmen (1949), les deux oeuvres sur une musique de Bizet au programme du Ballet, sont représentatives de sa danse "patchwork" où les pirouettes et les figures classiques le disputent à de plus singulières positions "en dedans" ou à des chutes et des mouvements au sol.

Les danseurs semblent plus à l'aise et motivés dans Carmen, spectacle aux décors hauts en couleurs (signés par le peintre espagnol Antoni Clavé) et à l'érotisme teinté d'humour, qui emporte par l'énergie de ses grandes envolées collectives et les pulsations de ses duos.

Il est rare aujourd'hui de retrouver sur un plateau de danse un fil chorégraphique narratif et expressionniste, et l'on s'étonne soi-même de se prendre au jeu. Le secret de cette Carmen ? Son rythme, sa virtuosité, sa fougue et sa drôlerie !

L'Arlésienne et Carmen
À l'Opéra jusqu'au 19 novembre


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